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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Photo de famille réalisé par Cécilia Rouaud [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Gabrielle, Elsa et Mao sont frères et sœurs, mais ne se côtoient pas. Surtout pas. La première est « statue » pour touristes, au grand dam de son fils ado. Elsa, elle, est en colère contre la terre entière et désespère de tomber enceinte. Et Mao, game designer de génie chroniquement dépressif, noie sa mélancolie dans l’alcool et la psychanalyse.
Quant à leurs parents, Pierre et Claudine, séparés de longue date, ils n’ont jamais rien fait pour resserrer les liens de la famille. Pourtant, au moment de l’enterrement du grand-père, ils vont devoir se réunir, et répondre, ensemble, à la question qui fâche : « Que faire de Mamie ? »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Le cinéma français aime beaucoup représenter des familles dysfonctionnelles où un élément extérieur vient gripper la machine. Dans Photo de famille, nouveau film de Cécilia Rouaud, c’est la grand-mère qui perd la tête au point que les enfants et petits-enfants vont devoir apprendre à composer avec celle qui veut aller à Saint Julien. Pourquoi un dernier retour dans ce lieu des vacances d’été des petits-enfants ? Simplement, le revoir avant de mourir. Et c’est la fameuse photo de famille avec les deux sœurs et le frère qui représentent un moment béni, suspendu dans le temps entre un père volage et une mère psychiatre trop peu présente pour ses enfants. L’idée de départ du second film de Cécilia Rouaud est véritablement attirante. Autour de l’enterrement du grand-père de Pierre, la famille se retrouve pour mieux exorciser ses rancœurs et ses frustrations. Si les parents sont impeccables dans leur détestation respective (Jean-Pierre Bacri et Chantal Lauby sont idéalement à leur place), c’est le trio fraternel qui occupe l’écran autour de cette grand-mère attachante (jouée par Claudette Walker). Une grand-mère frappée d’Alzheimer l’empêchant de reconnaître son fils mais étant épaulée par son ex-belle-fille. Une grand-mère qui souhaite mourir car finalement la vie est trop longue désormais… alors autant le faire avec les petits-enfants.

« Photo de famille est un film léger comme une bulle de champagne qui sans renouveler le film sur la famille, réussit à faire passer un moment sympathique »

Et ces trois petits-enfants, paumés, sont à un carrefour de leur vie. Gabrielle (Vanessa Paradis) doit accepter de laisser partir son fils vivre avec son père et s’ouvrir de nouveau à l’amour. Elsa (Camille Cottin qui joue sa partition habituelle… il va peut-être falloir envisager de lui offrir d’autres rôles que cette sempiternelle râleuse) doit apprendre à se calmer pour enfin remettre de l’ordre dans sa vie personnelle. Enfin le moyen d’être apaisée et heureuse. Et il reste Mao (Pierre Deladonchamps) qui tente d’exorciser ses démons, à savoir ses envies suicidaires, que des séances chez la psy n’arrivent pas à remettre sur le droit chemin. Ce trio a pourtant la réponse à leur mal-être : un dernier voyage avec leur grand-mère. Un dernier voyage pour se souvenir de l’époque bénie où tous les trois étaient inoucients.

Cécilia Rouaud, la réalisatrice, filme une famille qui reprend le contact. Une famille qui fait le point sur la vie et ce temps qui est passé trop vite. Sans jamais sombrer dans la facilité d’un sujet qui pourrait tirer les larmes, son scénario joue la carte de la subtilité. Et il provoque plus d’éclats de rire que de peine mais par moment de l’ennui aussi. Cette famille est « attachiante » au possible et on a envie de se débattre avec eux. Même si par moment, le spectateur semble en dehors de l’histoire. Il est mis de côté parce qu’il s’ennuie devant des baisses de rythme qui auraient pu être évitées. Mais pourtant, on rêve de partir faire la statue immobile de rue avec Vanessa Paradis, de réconforter Camille Cottin dans ses tristesses de ne pas être mère ou encore de prendre Pierre Deladonchamps dans ses bras pour lui montrer à quel point la vie est belle. Sur leur parcours, des personnages secondaires vont agir comme révélateur : Marc Ruchmann qui tombe amoureux de Vanessa alors qu’il héberge Mao. Ou encore Laurent Capelutto qui se rend compte qu’il ne peut rien pour rendre heureuse celle qu’il aime, Elsa. Sans jamais verser dans le pathos, ni la facilité, Photo de famille est aussi un bel hommage aux parents des années 1970-80 qui conjuguaient vie familiale et vie professionnelle grâce aux grands-parents. Grâce à la photographie soignée d’Alexis Kavyrchine, la réalisatrice propose une histoire familiale où chaque spectateur saura se reconnaître malgré les longueurs.

Photo de famille est un film léger comme une bulle de champagne qui sans renouveler le film sur la famille, propose un moment sympathique. Cependant, ce film ne suscite ni l’adhésion complète, ni un rejet profond. Il s’agit d’une énième histoire sympathique mais sans plus… on était peut-être en droit d’en attendre un tout petit plus.


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