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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Nos Batailles réalisé par Guillaume Senez [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas. »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Après Keeper, le cinéaste belge Guillaume Senez revient avec Nos batailles, son deuxième long-métrage, écrit durant une instance de divorce, qui nous raconte l’histoire d’Olivier (Romain Duris), un travailleur syndical dans une entreprise en faillite qui se bat contre les injustices de sa hiérarchie et se retrouve du jour au lendemain seul avec ses deux enfants suite au brusque départ de sa femme du domicile conjugal. Olivier doit à la fois gérer sa situation familiale et celle de son entreprise. Guillaume Senez est un cinéaste du naturel et cela se ressent devant sa caméra. Le savoir-faire du cinéaste repose sur une méthode de l’improvisation : donner une situation à ses acteurs et les laisser improviser. Scène par scène, le film se construit, le cinéaste film des situations tournées caméra à l’épaule, privilégie les long-plans séquences pour capter les dialogues improvisés de ses acteurs. Le cinéaste capte un naturel, une sincérité dans le jeu de ses comédiens qui renforce le réalisme des situations où le réalisateur a pour vocation de filmer le réel et le quotidien, qu’il s’agisse des travailleurs précaires dans une entreprise qui licencie des ouvriers à la chaine ou la sphère du foyer familial dans laquelle le cinéaste parvient à crée une intimité réaliste et touchante entre un père et ses enfants, interprétés par les jeunes Basil Grunberger et Lena Girard Voss, d’un naturel confondant devant la caméra.

À l’image de l’acteur Vincent Lindon chez Stéphane Brizé (La loi du marché, En Guerre), Romain Duris s’efface complètement derrière son personnage de travailleur qui mène une bataille au propos social actuel et politique fort dans son rôle de travailleur syndical ayant des répercussions sur sa famille et son rôle de père. Un tiraillement que l’acteur interprète magistralement à l’écran avec un naturel et une sincérité bouleversante. L’actrice Laetitia Dosch, grande révélation de Jeune Femme de Léonor Serraille, apporte dans ses apparitions à l’écran une énergie ébouriffante dans le rôle d’une sœur qui devient la présence féminine de substitution auprès d’Olivier et des enfants. La plus belle scène du film, la seule où le cinéaste s’autorise à substituer la musique à la parole, est ce moment où Duris et Dosch, frère et sœur, s’enlace sur Le paradis Blanc de Michel Berger, dans une étreinte d’une délicatesse inouïe. Guillaume Senez ne force jamais l’émotion, se refusant à la surenchère d’effets larmoyants, préférant filmer à l’épaule le dialogue durant de longues prises où les champs/contre-champs résident dans une seule et même prise. Le film reposent alors sur la parole de ses personnages. Les scènes en entreprise sont authentiques, où des figurants travaillent à la chaine devant la caméra du cinéaste, sans pour autant crée un suspense autour du climat de licenciement qui plane sur les employés. L’absence féminine au sein de la sphère familiale n’est jamais dramatisée dans l’écriture ou la mise en scène. Guillaume Senez va jusqu’à imposer que les décors de la maison, ainsi que les vêtements des personnages soient bleu. Une couleur rassurante qui donne un ton lumineux au long-métrage, le cinéaste privilégiant l’espoir d’un nouveau départ au pessimisme de ce que l’on perd.

Avec son deuxième long-métrage, Guillaume Senez parvient à lier le politique et l’intime avec un propos social actuel et fort. Le cinéaste filme avec subtilité et réalisme l’impact de la précarité de l’emploi sur la sphère familiale, tout en dressant le portrait sincère et touchant d’un homme qui apprend à être père, porté par un Romain Duris bluffant de justesse. Un drame humain beau et juste.


« Avec son deuxième long-métrage, Guillaume Senez parvient à lier le politique et l’intime avec un propos social actuel et fort. »


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