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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

My Favorite War, entre pamphlet politique et conte initiatique animé

Synopsis : « Voici l’histoire personnelle de la réalisatrice, Ilze, qui a grandi en Lettonie (URSS) au cours de la Guerre froide. Elle retrace le passage à l’âge adulte d’un individu qui décide d’échapper au conditionnement exercé par un régime autoritaire et puissant. Le film, pacifiste, souligne à quel point il est important que la liberté individuelle soit considérée comme un droit fondamental dans une société démocratique. »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument… tu allumes ton ordinateur, tu cliques sur ton navigateur préféré et écris : Festival International du Film d’Annecy. Il te reste à t’identifier, puis s’ouvre à toi, du 15 au 30 juin 2020, une grille de programmes regroupant courts et longs métrages d’animation en provenance de toutes horizons.
Bon cinéma de chez toi !

Présenté dans compétition Contrechamp au Festival International du Film d’Annecy 2020, dont il est reparti primer de la sélection, My Favorite War est le premier documentaire animé de la cinéaste lettone Ilze Burkovska-Jacobsen, qui nous raconte son histoire personnelle, celle de son enfance en Lettonie (URSS) au cours de la Guerre froide. Un récit autobiographique qui nous conte le passage à l’âge adulte de la réalisatrice et son émancipation de sa condition de jeune pionnière dans les rangs de la jeunesse soviétique. 

Pour raconter son histoire, la cinéaste a décidé d’utiliser l’animation d’éléments découpés pour nous conter son récit sous la forme d’un conte, mêlant fiction animée, documentaire en prises de vue réelles, ainsi que des images d’archives telles que des photographies ou des articles de journaux découpés relatant son vécu sous le régime de l’URSS. Une forme plus qu’originale pour nous raconter tout un pan de l’histoire soviétique à travers son regard d’enfant, reliant l’histoire de l’URSS sous la Guerre froide à celle de la seconde Guerre Mondiale, que la cinéaste nomme comme sa « Guerre préférée », dont les choix et conséquences ont conditionnés ses propres choix, avant qu’elle ne décide de s’émanciper de sa condition à l’âge adulte. 

Sur sa forme, My Favorite War relève du travail d’orfèvre. L’animation au papier découpé donne au long-métrage un ton satirique, à travers un regard naïf et innocent sur la condition de la jeunesse soviétique, le tout sublimé par une certaine poésie de l’enfance, relevant plus du conte enfantin que de l’œuvre politique et engagé. Et pourtant, My Favorite War, derrière son esthétique enfantine et poétique, est un pamphlet plus qu’engagé, une satire politique d’une férocité implacable. Le mélange entre l’animation imagée de son récit d’enfance, les images d’archives de la propagande soviétique et les témoignages en prises de vues réelles des personnes ayant inspirés ses protagonistes animés, donnent au long-métrage documentaire une forme hybride, celle d’un livre d’images qui délivre tantôt des visuels d’une grande poésie sur l’enfance, notamment à travers le regard enfantin de sa réalisatrice sur ses parents et son enfance avant le régime, tantôt des visuels plus sombres et macabres qui révèlent un aspect beaucoup moins idyllique de sa jeunesse sous le régime soviétique, sous le vernis du bonheur superficiel qu’essaye de vendre la propagande de l’URSS. 

Si My Favorite War bouscule à travers sa satire politique et engagé, par ses témoignages et ses images d’archives malaisants, le long-métrage touche par le récit initiatique de sa réalisatrice, nous contant à travers sa propre émancipation à l’âge adulte ni plus ni moins que celle de son pays à la fin de la Guerre froide, qu’elle considère comme la fin de la seconde Guerre Mondiale, sa « Guerre préféré ». 

Poétique à travers sa forme de conte enfantin animé, touchant dans le témoignage de sa réalisatrice et des témoins de son histoire, politique dans sa reconstitution historique à partir de l’image d’archive documentaire, My Favorite War est à la fois un puissant récit d’émancipation et un formidable pamphlet politique, mêlant avec brio la grande Histoire avec la petite histoire de sa cinéaste. Un prix Contrechamp plus que mérité. 


Aucune date de sortie de fixée pour le moment

« À travers sa forme hybride mêlant conte animé, images d’archives et prises de vue réelles, My Favorite War est un poignant récit initiatique sur l’émancipation de sa cinéaste, doublé d’un implacable pamphlet politique sur la jeunesse soviétique. Brillant. »

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