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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Message from the King, Du Welz à Los Angeles

Synopsis « Jacob King débarque du Cap à Los Angeles, à la recherche de sa sœur disparue. Avec seulement 600 dollars en poche et un billet de retour pour l’Afrique du Sud prévu dans 7 jours. Au bout de 24 heures, il découvre que sa sœur est morte dans des circonstances tragiques et mystérieuses… »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Dans un Los Angeles brûlant et sordide, Chadewick Boseman incarne une vengeance brutale et calculée. De son personnage, dont on ne sait pas grand-chose à part qu’il a sept jours pour retrouver sa sœur, émane une détermination sans faille. Chaîne de vélo à la main et veste en cuir marron finissent de parfaire le look seventies de ce héros sous la contrainte.  

Contraintes de temps, et d’argent partagées par le réalisateur Fabrice Du Welz sur ce tournage qui devait être terminé pour avant-hier. Le producteur de Drive, David Lancaster a tenté de nous séduire à nouveau avec un loup solitaire mais sensible, prêt à se battre et à tuer pour les siens. 

L’empreinte du réalisateur Belge, que l’on parvient à ressentir tout du long, notamment via une belle collaboration avec Monika Lenczewska sur la photographie , laisse entrevoir de brefs passages de ce qu’aurait pu être le film s’il avait eu plus de contrôle sur le produit final. Mais après une introduction très réussie, les dialogues peinent à accrocher le spectateur, et les personnages secondaires déjà très caricaturaux se révèlent bien trop peu approfondis. 

La tension construite autour de la recherche de sa sœur puis celle de ses meurtriers s’essouffle par trop d’interactions mal ficelées. Pourtant le rythme assez soutenu laissait de belles possibilités aux thèmes abordés, prostitution, drogue, pédophilie sur fond de racisme, et de chantage. Le menu est alléchant mais sans épaisseur. Les brèves scènes d’action, rendues difficiles à regarder autant qu’à suivre par un montage typique de ce genre de production, perdent leur effet initial. On assiste, impuissants, au saccage des chorégraphies devenues confuses, assombries, quasiment illisibles.

Pour accentuer la pression des recherches de Jacob, il sera confronté au seul méchant inquiétant du film, Paul. Le charismatique Luke Evans, incarne à la perfection ce machiavel des riches et puissants. Ils échangeront de courts dialogues pleins de sous-entendus et de mal-aisance. Mais son rôle sera également amoindri par une scène d’action finale si chaotique qu’on en perd la notion d’espace et l’impact de la vengeance de Jacob à son égard. Où, une fois encore, les inserts à répétition viennent gâcher la fête. 

Certaines scènes et ambiances se détachent néanmoins et mettent à l’honneur le travail du cinéaste : le premier contact entre Jacob et Kelly, la fête aux accents oniriques chez Trish, le chant de Martine. Ils apportent l’éclat vital pour singulariser ce type de projet. Laissant entrevoir un monde plus grand et plus obscur que celui proposé sur le papier, ces instants suspendus captivent et l’on souhaiterait que tout s’emballe et nous surprenne enfin.

L’atmosphère de Los Angeles, pesante, sale et bruyante est exactement décrite à l’image. Les textures paraissent plus organiques, vivantes, pleine de sueur. Un ressenti très réaliste et contemporain s’en dégage et sort le long métrage de sa tutelle revenge movie des années 70. On ne rate rien de la misère des rues contrasté par la beauté des quartiers chics bien entretenus. Souvent coincé entre deux murs, Jacob semble retrouver de sa superbe à l’extérieur, et le jeu implacable du regretté Chadwick Boseman renforce le mystère et l’aura de son personnage.

Si Message From the King ne laisse pas le loisir au spectateur d’empâtir réellement avec ses personnages les plus vulnérables, ils ne sont qu’une monnaie d’échange ou de pression, ils ont le mérite d’être dans une zone grise, assez éloignés des clichés du genre pour que l’on ne s’ennuie pas. On apprécie également cette résolution, douce et amère. Entre échec et réussite, le héros devient encore plus humain et proche du spectateur. Le twist qui révèle le personnage en Afrique du Sud n’apporte pas grand-chose, mais éclaircit un peu certains de ses aspects. 


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« Dans un monde idéal, où les réalisateurs auraient la main sur leur travail, ce film aurait sûrement crevé l’écran. Mais le système américain défend ses rouages copiés collés autant que Fabrice Du Welz son humanité. Le combat n’est jamais vain mais il rend l’exercice pénible.»

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