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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Ma Vie de Courgette (Critique | 2016) réalisé par Claude Barras

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Synopsis : « Courgette n’a rien d’un légume, c’est un vaillant petit garçon. Il croit qu’il est seul au monde quand il perd sa mère. Mais c’est sans compter sur les rencontres qu’il va faire dans sa nouvelle vie au foyer pour enfants. Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice : ils ont tous leurs histoires et elles sont aussi dures qu’ils sont tendres. Et puis il y a cette fille, Camille. Quand on a 10 ans, avoir une bande de copains, tomber amoureux, il y en a des choses à découvrir et à apprendre. Et pourquoi pas même, être heureux. »

Ma Vie de Courgette c’est un film d’animation franco-suisse, réalisé par Claude Barras et scénarisé par Céline Sciamma. Un nom que vous connaissez surement déjà par le biais de quelques films tels que Tomboy ou encore Bande de Filles, films dont elle signait la réalisation en plus du scénario. Acclamé depuis maintenant 6 mois à l’occasion de sa présentation dans divers festival de cinéma, vous n’avez pu passé à côté du phénomène Ma Vie de Courgette. Festival de Cannes, Festival d’Angoulême ou encore le Festival d’Annecy où il reçu notamment le prix du public. Ma Vie de Courgette est un petit phénomène qui procure aux spectateurs un bonheur indescriptible. C’est un film d’animation qui mérite amplement que l’on parle de lui de cette manière, à savoir comme d’un petit bijou cinématographique. Il y a quelques semaines de ça, il y eu Kubo et l’armure magique signé des studios Laika Entertainement, maintenant vous pouvez compter sur le petit Courgette, héros parmi les siens.

Réalisé intégralement avec le procédé de la stop motion, Ma Vie de Courgette c’est tout d’abord la représentation d’un savoir faire magnifique. La stop motion est un procédé cinématographique qui possède ce petit quelque chose que ne possède pas le numérique. Grâce à une technologie qui évolue jour après jour, les films d’animations réalisés numériquement sont visuellement beaux et disposent d’une imagerie joliment finalisée. Les textures peuvent être fines, les arrières-plans détaillés et jouer, bluffer le spectateur avec différents effets, qu’ils soient climatiques ou de particules semble devenir un jeu d’enfant. Le numérique permet également aux films de posséder une fluidité irréprochable pouvant aller au delà du 24 images secondes que l’on retrouve dans les œuvres cinématographiques tournées en live-action. La technologie permet de faire des choses tout bonnement incroyables, mais le cinéma est avant tout un art. Un art qui peut se pratiquer de diverses manières et dont l’une des forces réside dans sa diversité. Une diversité de thématiques, de genres et de façons de faire. La stop motion est en ce sens, un des procédés les plus beaux, les plus impressionnants et les plus touchants. Les plus touchants, lorsque l’animation et ses défauts (une fluidité par toujours irréprochable dans les actions et mouvements) est en corrélation avec l’histoire contée. Une histoire qui se doit d’être emplie d’humanité et d’émotions. De chez Aardman Animations à Laika Entertainement, leurs productions s’avèrent être des films portés par des protagonistes qui font rire et pleurer le spectateur. L’émotion est première, là où très souvent l’action et la fluidité de cette action le sont dans le cinéma d’animation numérique.

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Si contraignant et difficile à faire, lorsqu’un cinéaste décide de s’attaquer à la stop motion, il le fait avec le cœur, encore plus que pour la réalisation d’un film en numérique live action ou non. Il va, avec son équipe d’animateurs, littéralement donner vie à l’inanimé et jouer avec, le temps d’un instant, le temps du tournage. C’est prendre goût au jeu, redevenir un enfant qui jouerait et inventerait des histoires avec ses figurines ou autres objets quelconques. Le spectateur va en ce sens, également prendre conscience que ce qu’il voit à l’écran sont de véritables objets ou modèles qui prennent vie, redevenant à son tour un enfant. La stop motion est véritablement quelque chose de magnifique, d’autant plus lorsqu’elle est utilisée afin de mettre en image une histoire aussi touchante et humaine que celle écrite par Céline Sciamma. En l’espace d’à peine 1h06, Céline Sciamma transporte le spectateur dans un monde loin de sa réalité, mais au cœur duquel les personnages vont ressentir les mêmes émotions que nous autres humains. Une heure et six minutes suffisent à la réalisatrice de Tomboy pour caractériser ses personnages, dépasser les stéréotypes utiliser afin de faire avancer le récit et raconter une histoire difficile, mais également belle, drôle et émouvante.

Ma Vie de Courgette est un film d’animation qui ose raconter les choses telles qu’elle le doivent être et non pas édulcorées comme elles le sont souvent dans le cinéma d’animation. Raconter les méandres de la vie au travers les yeux d’un enfant pour lequel tout n’a pas toujours été rose. Ma Vie de Courgette aborde des thèmes difficiles tels que la solitude, la perte d’un être proche ou encore la rencontre de l’autre. Des thèmes liés  l’enfance, mais décryptés au travers du regard d’un enfant. Un enfant qui va devoir apprendre à se débrouiller de par lui même et à ne faire confiance qu’aux personnes qu’il jugera de bonne foi. La caractérisation et mise en scène du personnages est éblouissante. Claude Barras et Céline Sciamma vont à l’essentiel, ne tergiversent pas au travers d’arcs narratifs secondaires qui seraient ici en surplus. Tout y est nécessaire afin de caractériser les personnages, afin de faire avancer cette histoire et le moindre détail n’est pas seulement dû au hasard. Une maîtrise scénaristique éblouissante, malgré une une histoire convenue et prévisible dans les grandes lignes, mais à la beauté enivrante et touchante.


En Conclusion :

Pas besoin d’en rajouter des milles et des centes, Ma Vie de Courgette est tout bonnement une merveille et un exemple à suivre tant pour le cinéma d’animation que pour le cinéma live-action. Un exemple à suivre en terme d’écriture. Céline Sciamma signe un scénario remarquable, qui ne prend en aucun cas le spectateur pour un idiot, lui dévoilant une histoire humaine mêlant humour et tragique, horreur et tendresse. Un vrai moment de vie avec tout ce que cela comporte sans que l’aspect tragique ne soit édulcoré. La vie est belle, mais la vie ne l’est pas uniquement. La mise en scène travaillée de Claude Barras, la bande originale qui sait se faire entendre et discrète lorsqu’il le faut, ainsi qu’une direction artistique des plus charmantes, complètent le tableau, faisant de Ma Vie de Courgette une merveille à tous les niveaux. Soixante-six minutes de bonheur durant lesquelles vous passerez du rire aux larmes, sans pour autant être déprimé en sortant de la projection.

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