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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Long Shot, connaissez-vous Justin Trudeau ?

Synopsis : « Fred, un journaliste au chômage, a été embauché pour écrire les discours de campagne de Charlotte Field, en course pour devenir la prochaine présidente des Etats-Unis et qui n’est autre… que son ancienne baby-sitter ! Avec son allure débraillée, son humour et son franc-parler, Fred fait tâche dans l’entourage ultra codifié de Charlotte. Tout les sépare et pourtant leur complicité est évidente. Mais une femme promise à un si grand avenir peut-elle se laisser séduire par un homme maladroit et touchant ? »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Si vous ne connaissez pas son nom, vous avez certainement déjà entendu parler de l’un de ces films. All the Boys Love Mandy Lane (remake de 2006), 50/50, Warm Bodies ou encore The Night Before, des films réalisés par Jonathan Levine. Si certains ont eu le privilège de se voir offrir une date de sortie dans les salles de cinéma françaises comme européennes, ce n’est pas le cas de tous. Néanmoins, il y a fort à parier qu’un The Night Before possède une renommée plus grande qu’un Warm Bodies grâce aux puristes amateurs de l’acteur/scénariste Seth Rogen. Capable de rendre hilare, mais également d’émouvoir le spectateur (ce qu’il réalisa à quelques reprises notamment dans 50/50 ou Steve Jobs), Seth Rogen est un de ces acteurs américains hors normes que l’on aime retrouver à chaque fois sur grand écran. Une fois n’est pas coutume, il nous revient entouré de Jonathan Levine à la réalisation, de Dan Sterling au scénario (The Interview, The Office US…) et de Evan Goldberg à la production. La fine équipe est au complet pour une comédie dont on n’attendait fondamentalement rien, mais qui a su viser juste, malgré quelques maladresses, afin de nous surprendre à plusieurs niveaux.

Comédie américaine, et ce, à plus d’un titre, Long Shot n’évite aucunement la majorité des stéréotypes malheureusement affublés au genre. À commencer par une histoire fondamentalement peu, pour ne pas dire pas, intéressante. Prévisible, tant dans sa manière d’amorcer chaque rebondissement que dans son développement global, Long Shot ne surprend aucunement et repose sur un scénario extrêmement classique. Une structure narrative linéaire avec un nombre de parties bien définies et les rebondissements qui vont avec afin de créer une dramaturgie nécessaire à tout bon scénario qui se doit de raconter une histoire allant d’un point A à un point B. Mais si son histoire ne surprend malheureusement pas, le scénario n’est pas pour autant dénué d’intérêt ou de réelles audaces dans l’air du temps. Alors que les personnages féminins prennent le pouvoir qui leur est dû, film après film, et ce, sans parler de la prise de position des actrices et techniciennes, Long Shot est de ces films modernes qui décident de prendre le taureau par les cornes et d’inverser les rôles. Si la femme a toujours été le personnage fragile et sans défense qui se doit d’être rattrapée et protégée par le personnage masculin bien plus robuste, physiquement que mentalement, les rôles sont ici inversés.

C’est fait avec justesse, tant par le scénario (Charlize Theron interprète une femme de pouvoir ndlr) que par la mise en scène de Jonathan Levine qui va insister sur l’aspect comique pour accentuer la fragilité et une certaine innocence au sein du personnage masculin interprété par Seth Rogen. Du comique de situation, en passant par l’absurde et le burlesque, Long Shot se réinvente sans cesse dans le but de désamorcer des situations qui pourraient faire perdre au spectateur son attention, ainsi qu’une dynamique globale, réellement bien tenue. Grâce à une répartie, tant verbale que visuelle ou musicale, le spectateur n’a jamais le temps de s’ennuyer. Les éléments ne se chevauchent pas et si l’on pourrait reprocher quelques choix musicaux trop faciles (musiques extra-diégétiques ajoutées pour plaire au plus large public), les musiques ne viennent jamais se téléphoner une idée de mise en scène ou une ligne de dialogue sensé faire rire. N’est néanmoins pas une réelle comédie américaine avec Seth Rogen sans une dose d’humour régressif et bas du front. C’est peu présent, fort heureusement, mais le si peu pourrait déranger. Un humour en question qui arrive tardivement dans le film, permettant de ne pas occulter tout le plaisir, régressif ou non, offert par le film précédemment, ainsi que sa prise de position féministe dans l’écriture et la mise en scène de son personnage féminin principal.

S’il étonne grâce à la caractérisation de son personnage féminin principal, les personnages secondaires ne sont pas en reste. Quitte à avoir des personnages secondaires qui sont que de simples faire-valoir, autant s’en servir pour faire rire. Long Shot caricature avec justesse et drôlerie le monde de la politique avec des personnages secondaires aussi irrésistibles qu’hilarants. Alexander Skarsgård en tête dans le rôle du premier ministre du Canada, qui caricature excellemment Justin Trudeau tant au travers de sa gestuelle que de sa manière de parler, tous deux exacerbés afin de faire rire. Décidé d’y aller franchement et d’assumer afin de faire rire, là où ne faire les choses qu’à moitié n’aura apporté qu’une dose de maladresse pas agréable. Il est très agréable de se laisser aller et de rire lorsque c’est frais, assumé de but en blanc et surtout simplement drôle. Superbement aidé par le capital sympathie apporté par son duo principal dont l’alchimie transperce l’écran et décuple le plaisir du spectateur, Long Shot représente fièrement cette catégorie de comédies américaines modernes que l’on aime voir au cinéma. S’il ne révolutionne pas le genre sur tous les plans et en un instant, il l’aide à évoluer en apportant une fraîcheur, une bonne humeur communicative et des personnages qui ne répondent pas aux stéréotypes habituels, notamment en ce qui concerne les personnages féminins.


« La comédie rafraîchissante qui va parfaitement lancer votre été 2019. »


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