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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Les Nouveaux Mutants, une Arlésienne vient toujours avec son lot de surprises


Synopsis : « Rahne Sinclair, Illyana Rasputin, Sam Guthrie et Roberto da Costa sont quatre jeunes mutants retenus dans un hôpital isolé pour suivi psychiatrique. Le Dr Cecilia Reyes, qui estime ces adolescents dangereux pour eux-mêmes comme pour la société, les surveille attentivement et s’efforce de leur apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Lorsqu’une nouvelle venue, Danielle Moonstar, rejoint à son tour l’établissement, d’étranges événements font leur apparition. Les jeunes mutants sont frappés d’hallucinations et de flashbacks, et leurs nouvelles capacités – ainsi que leur amitié – sont violemment mises à l’épreuve dans une lutte effrénée pour leur survie. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Jamais un film n’a été aussi mal aimé dans l’histoire du cinéma… pas tant par les spectateurs, qui ne le découvrent que maintenant, mais plutôt par les studios. Sur le papier, Les Nouveaux Mutants a tout pour plaire au public. Une franchise connue : celle des X-Men et un casting intéressant composé des jeunes pousses du cinéma et de la télévision américaine. Anya Taylor-Joy quitte l’univers paranoïaque des productions Blumhouse pour devenir la mutante Magik, Maisie Williams expose sa douceur loin de son personnage dans Game of Thrones, ou encore, la révélation Blu Hunt qui apporte un certain trouble à son personnage de mutant.

Donc sur le papier, ce film Marvel/Fox a toutes les cartes en mains pour cartonner en salles. Si on excepte que le spin-off X-Men : Dark Phoenix avait déjà mis un petit coup d’arrêt aux mutants. Mais ce film porte en lui la malédiction d’être commandé par un studio, racheté par un plus grand et ainsi devenir le projet sur la touche. Cette histoire est celle de la Fox rachetée par Disney… une histoire de rachat et non de mariage où malgré tout dans la corbeille, il y a de jolies choses mais qui ne sont pas forcément du goût de la firme aux grandes oreilles.

Et pour qui aime le cinéma, c’est là que la bât blesse. Par le rachat de la Fox, Disney récupère les mutants pour les ajouter à son catalogue Marvel et étendre encore plus son univers. Pourtant Disney envisage plutôt un nouveau reboot que de sortir le dernier projet prévu à savoir Les Nouveaux Mutants. Ce désintérêt entraîne une production chaotique : le film aurait dû sortir le 4 avril 2018… nous sommes fin août 2020. Si le rachat des studios entraîne ce décalage, le long métrage a aussi traîné une réputation de film maudit : avec des reshoots obligatoires, un final-cut non donné à son réalisateur… Des rumeurs démenties sans cesse par Josh Boone mais pourtant…

… pourtant, il n’est pas inutile de se poser les questions sur ces reshoots, ce montage final à la serpe pour plusieurs raisons. Tout d’abord, même si la durée n’explique pas tout, Les Nouveaux Mutants est le film le plus court de la franchise X-Men : 1h33. Impossible de ne pas se dire que le film a dû subir des coupes sur la table de montage tant certaines intrigues sont expédiées. On ne fera que survoler le final autour de cet ours-démon, dont la résolution prête à sourire face au moment épique qui le précède.

Reshoots sans doute, mais qui ne se voient et ne se font sentir que si l’on fait attention. Et ce, sans se départir de l’humour qui a toujours été la marque de fabrique des mutants (dont le personnage de Logan). Le film oscille pourtant entre horreur pure, grande galéjade et pitreries à tout va, pour parfois minorer le propos du film. En effet, le film Les Nouveaux Mutants se penche avant tout sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte de jeunes, mis aux bans de la société parce que différents. Leurs pouvoirs font peur et il serait bon de les contrôler pour utiliser leurs dons dans des actions funestes.

Comment ne pas voir en filigrane, le portrait d’une Amérique soumise à ses armes à feux et toujours à la recherche de l’extermination ? Et ici, schématiquement, les personnages jouent leur rôle : une jeune indienne trouvée dans sa réserve détruite, une immigrée russe, un Américain pure souche, un immigré brésilien beau gosse mais à quoi sert-il ? Et une jeune fille catholique coincée… Des personnages schématiques, alors que d’habitude chez les X-Men, on joue plutôt sur une certaine ambivalence : Magnéto et Charles Xavier en sont les meilleures preuves.

Que vaut finalement ce film ? Loin de la purge annoncée, ce long métrage de Josh Boone, accouché dans la douleur, est un film horrifique par moments terrifiant, porté par un casting solide malgré des rôles stéréotypés. En quelque sorte, le film Les Nouveaux Mutants est présent pour renouveler les galerie de personnages offert par les films X-Men à ce jour et offrir une fraîcheur inattendue pour relancer la machine. Par la création de cet univers horrifique et anxiogène, le réalisateur réussit à nous plonger avec ces jeunes perdues. On s’interroge à leurs côtés, on veut comprendre leurs motivations et on cherche à visualiser les tenants et aboutissants du scénario.

Mais ensuite, tout se précipite et l’intrigue se résout de façon manichéenne : c’est en s’unissant qu’on réussit à battre le mal. Un mal définit par cet ours-démon dont la véritable présence se justifie par le conte du début mais dont le final est expédié sans autre artifice que celui-ci : « tu es méchant, rentre chez toi »… la preuve s’il en est que le film Les Nouveaux Mutants a souffert de coupes massives. Coupes qui entraînent par moment un désintérêt poli et cette sensation au final d’avoir vu un film qui aurait pu être grand et lancer enfin Disney dans l’horreur pure, loin de son public cible originel. Et c’est bien dommage quand on cherche à embrasser et conquérir un plus large public.


Interdit aux moins de 12 ans

« Loin de la purge annoncée, ce long métrage de Josh Boone, accouché dans la douleur, est un film horrifique par moments terrifiant, porté par un casting solide. »


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