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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

L’Atelier réalisé par Laurent Cantet [Critique | Cannes 2017]

Synopsis : « La Ciotat, un été. Antoine a accepté de suivre un atelier d’écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia, une romancière reconnue. Le travail d’écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n’intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l’anxiété du monde actuel, le jeune homme va s’opposer rapidement au groupe et à Olivia que la violence d’Antoine va alarmer autant que séduire. « 


Du 17 au 27 mai 2017, nous sommes au 70e Festival de Cannes. Entre coups de cœur et coups de gueule, émerveillements et maux de tête, retrouvez nos avis sur les films vus durant ce festival pas comme les autres. Des avis courts, mais pas trop et écrits à chaud, afin de vous offrir un premier avis sur les films qui feront, ou non, prochainement l’actualité.
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Neuf ans après le raz de marée Entre les Murs, film qui reçut entre autres la Palme d’or en 2008, Laurent Cantet est de nouveau au Festival de Cannes. Sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard, il n’y aurait pas pu avoir meilleure compétition et intitulé de compétition pour sélectionner ce film. Fils d’instituteurs, Laurent Cantet a toujours prôné un cinéma scolaire. Scolaire tant dans la forme que dans le propos développé. Le film Entre les Murs est le digne représentant et fer de lance de la filmographie de ce cinéaste français. Un cinéaste qui s’adresse à tous, dont les messages sont à portées universelles, mais dont les premiers destinataires sont avant tout les jeunes. La jeunesse a toujours été la cible de mire de ce cinéaste. Là où beaucoup ne cherchent pas à comprendre cette même jeunesse, lui souhaite l’éduquer tout en prônant des valeurs qui ne sont autres que les valeurs du bon sens. Avec L’Atelier, Laurent Cantet conte l’histoire d’un groupe de jeunes à la scolarité difficile qui, durant l’été vont participer à un atelier d’écriture visant à rédiger et publier un roman noir. Au travers de ce synopsis des plus simples, Laurent Cantet va développer par le prisme de l’atelier d’écriture un propos sur la tolérance et sur la révélation de notre personnalité par le biais de l’art. Où comment des personnalités vont se révéler et entrer en conflit sur des sujets tels que les attentats et la radicalisation par le biais de débat dont le point de départ était la création d’une œuvre d’art. Ce qui en vient à parler de la place de l’art dans notre vie de tous les jours. Une place malheureusement de plus en plus infime alors que ce devrait être l’inverse.

Débats, discussions houleuses ou non… un atelier d’écriture permet de se révéler

L’art est sujet à débats, à discussions, à révélations et compréhension ou incompréhensions. Faut-il être encore ouvert d’esprit. Même si extrêmement scolaire tant dans son écriture que sa réalisation et montage, L’Atelier a l’aura d’un film nécessaire. D’un film qu’il faut montrer dans les écoles et dont on aimerait voir prochainement le succès en salles. Abordant avec franchise et de manière frontal des sujets tels que les attentats de Paris et le terrorisme, le film s’inscrit dans l’actualité et parle de cette manière à tous. Le film fait réfléchir et le scénario est suffisamment bien écrit pour ne pas être moralisateur. Laurent Cantet donne la parole à un groupe de jeunes aux portraits joliment dessinés même si légèrement caricaturaux (des jeunes de banlieue…). Ils n’en demeurent pas moins attachants et les dialogues inspirés pour immerger le spectateur au centre de ce groupe d’écriture. On regrettera cependant une mise en place beaucoup trop longue pour emporter avec facilité le spectateur dès le démarrage. Un spectateur qui s’ennuie dans un premier temps, avant qu’il ne comprenne où le cinéaste français va vouloir en venir. Une fois lancée, la machine ne cesse de progresser jusqu’à un final qui aurait pu être  incompréhensible dans son parti-pris, entachant le message, mais réussit à éviter avec justesse ce qui aurait été une faute de mauvais gout et de bon sens. Allant donc à l’inverse de tout ce qui avait été développé auparavant. Un final qui n’en reste pas moins bâclé avec un rebondissement dont les raisons s’avèrent des plus confuses. Tout va beaucoup trop vite, beaucoup trop rapidement ne sachant finalement pas pourquoi on en vient à ça.

Une finalité à l’image du film L’Atelier dans son intégralité. L’Atelier est un film scolaire qui traite de sujets sensibles et survolent tous ces sujets sans pour autant approfondir le débat. Le film est là pour susciter le débat par la suite, pour l’enclencher et non donner une réponse. Des éléments de réponses sont énumérés, et tout à chacun peut se retrouver au travers de diverses personnalités que constituent ce groupe d’écriture, mais rien n’est imposé. Ce qui est à la fois une force, comme une fragilité pour le film. Un beau film, un simplement beau film, pas suffisamment fort et poignant pour être marquant, mais suffisamment intelligent et bien écrit pour être nécessaire et vu par le plus grand nombre de jeunes possibles.

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