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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Jurassic World : Fallen Kingdom réalisé par Juan Antonio Bayona [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : “Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l’île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction.  Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l’île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire.”

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Abandonnés à leur triste sort sur l’île Isla Nublar, les dinosaures et autres gentilles grosses bêtes de ce Jurassic World : Fallen Kingdom vont désormais mourir. Un volcan menace d’exterminer une nouvelle fois ces animaux du passé. Que faire ? Les sauver ou les laisser périr ? Après tout, on ne joue pas impunément à Dieu ! J.A Bayona nous explique, dans cette suite du succès colossal de 2015, que l’homme ne doit pas vouloir à tout prix jouer avec le feu au risque de se brûler et d’entraîner une extinction humaine prochaine. Écris ainsi, c’est toujours ce qui a été posé comme question dès l’origine de l’adaptation des livres de Michael Crichton. Qui sommes-nous pour recréer ce qui n’est plus ?

De cette thématique centrale, J.A. Bayona livre une vision apocalyptique du monde à venir. La mission de sauvetage telle qu’elle est entreprise coince à un moment : la sauvegarde des espèces menacées n’est pas la première des priorités. Logique confondante, car sinon  l’intrigue serait bien maigre. Et c’est là que pèche le scénario co-écrit par Colin Trevorrow et Derek Connolly. Les actions cachées par ce sauvetage sont totalement prévisibles. Pourquoi vouloir sauver des espèces que Dame Nature ne protège plus ? On le sait depuis le premier épisode : l’homme a un intérêt loin d’être philanthropique. Et de fait, la galerie de méchants est parodique. Entre le militaire gros bras (Ted Levine), le protecteur en affaires pas si sympathique que cela (Rafe Spall) ou encore le bon geek rigolo qui se demande ce qu’il vient faire dans cette galère (le jeune Justice Smith), cette suite coche toutes les cases du blockbuster hollywoodien paresseux. N’y a-t-il donc rien à sauver de ce nouvel épisode ?

« Si l’histoire est classique, les prouesses visuelles et la mise en scène de J.A Bayona font des merveilles dans cette suite qui n’a rien à envier au premier volet de la nouvelle saga. Sombre et terrifiant bien que prévisible. »


Évidemment que si ! La réalisation sans faille de J.A. Bayona. Pour celles et ceux qui le suivent depuis L’orphelinat, vous savez qu’il n’a pas son pareil pour distiller des moments de terreur et d’horreur dans ses films. C’est sa marque de fabrique, le créneau « film de genre espagnol qui fait peur ». Et cela lui réussit surtout avec la matière fine qu’est le scénario de ce Jurassic World : Fallen Kingdom, aussi épais qu’une copie double. Tout dans sa mise en scène compense les faiblesses : la première partie sur l’île est incroyable de tension bien que l’on sache ce qui va se passer. L’émotion est reine lorsque les héros réussissent à s’échapper et la traversée en mer offre de beaux moments d’humour où Chris Pratt fait du Chris Pratt (ce qui n’est pas pour nous déplaire) et où Bryce Dallas Howard fait preuve d’un répondant qu’on ne lui connaissait pas. Enfin, vous aurez le plaisir de revoir Blue, cette Raptor qu’a réussi à dompter Owen. Mais c’est surtout la deuxième partie du film qui ravira les spectateurs. À la fois parce qu’ils auront leur comptant de frissons et de sauts dans leur fauteuil. Et aussi parce que la partie maison hantée est digne des vieux films de la Hammer. Le réalisateur ne s’en cache pas : il a convoqué Dracula pour l’attaque de cette nouvelle espèce hybride, l’Indoraptor. Ce dernier mord, a du sang sur la gueule et n’hésite pas à être terrifiant. Surtout, il est bien plus malin qu’il n’y parait. Vous vous étiez toujours demandé si dans le cerveau du dinosaure, il y avait assez de place pour l’intelligence, la réponse est oui ! La scène de la chambre où s’est enfermée la jeune Isabella Sermon devrait peupler vos prochaines nuits de lourds cauchemars. Et vous rappellera le passage dans la chambre de Lucy Harker du Dracula réalisé par Francis Ford Coppola. En interprétant Maisie Lockwood, la jeune actrice apporte sa fraicheur et son dynamisme pour un rôle bien plus important qu’il n’y paraît au premier regard.

Enfin, J.A Bayona prouve encore que dans la cave, le pire arrive (comme pour L’orphelinat). Les manipulations génétiques ont repris, les expérimentations également avec le retour du savant fou, le docteur Henry Wu (que joue B.D Wong). Et comme esquissé dans son précédent long, Quelques Minutes après Minuit, le réalisateur place l’enfant au cœur de l’histoire pour notamment un adieu à l’innocence, l’apprentissage de la mort et le choix cornélien de vivre ou laisser mourir. C’est dans la deuxième partie que J.A. Bayona s’affranchit du cadre imposé par le scénario pour proposer son univers. Au point même que l’on regrette de ne pas l’avoir vu aux manettes du premier volet qui aurait sans doute était moins divertissant, mais plus réaliste et sombre.

C’est le reproche principal que l’on fera à cette suite de Jurassic World : elle manque de la vision d’un auteur. Ce que Steven Spielberg avait réussi à proposer dans son adaptation de Jurassic Park, Juan Antonio Bayona essaye de le faire, mais seulement dans la partie sur le sol américain. Et on comprend désormais mieux pourquoi Steven Spielberg souhaitait le réalisateur espagnol pour le reboot de la franchise. Les deux hommes savent imposer leurs univers (magie, féérie et retour à l’enfance pour l’un quand l’autre impose la perte, la douleur et la terreur). Il est certain que vous passerez un bon moment devant ces dinosaures animés (bien plus qu’en effets spéciaux, un sacré tour de force). Vous aurez votre quota d’humour, de frisson et d’étoiles plein les yeux en acceptant de les fermer sur les quelques facilités scénaristiques. Mais honnêtement la réalisation exemplaire et inventive devrait vous donner envie de vouloir retourner sauver les dinosaures.

 

Un dernier mot sur la caution « Jurassic Park » : le retour de Ian Malcolm, alias Jeff Goldblum. Dispensable, clairement dispensable et inutile, croyez-moi !

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

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