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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Jalouse réalisé par David et Stéphane Foenkinos [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage… Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

L’un est un écrivain reconnu, l’autre est un directeur de casting qui a fait ses preuves. David et Stéphane Foenkinos forment également un duo de réalisateurs à suivre, qui déjà en 2011, avaient su prouver avec leur premier long-métrage qu’ils avaient un certain talent. Six ans après, les voilà de retour avec un nouveau film, une comédie dramatique sobrement titrée : Jalouse. Premier long-métrage tout aussi remarqué que remarquable, La Délicatesse avait en son temps, su impressionner les critiques et le public par sa direction d’acteurs impeccable et son scénario aussi humble que nuancé. David et Stéphane Foenkinos semblent avoir un style bien à eux. Un style qui ne délaisse ni le fond ni la forme, sans pour autant chercher à révolutionner le cinéma. Un cinéma humble, dont l’objectif premier est de raconter une histoire qui a du fond, tout en permettant aux spectateurs de passer par une large palette d’émotions, allant de la larme du coin de l’œil au sourire. Du cinéma français oui, mais du cinéma sans prétention et qui ne se contente pas simplement de reproduire ce qui a déjà été fait auparavant.

Le film Jalouse conte l’histoire toute simple d’une mère de famille célibataire dépressive sur les bords, dont la jalousie maladive va pousser ses proches à l’éviter de plus en plus. Une histoire simple au demeurant, qui souffre évidemment du syndrome du « déjà vu » et dont le spectateur dissémine très rapidement les tenants et aboutissants. Chaque rebondissement, chaque élément perturbateur et annonciateur d’un chamboulement, s’avérera prévisible par un spectateur assidu. La force du film réside non pas dans son histoire, mais fondamentalement dans sa non-prétention et dans le fait qu’il ne cherche pas à surprendre à ce niveau. C’est par l’écriture des dialogues, par le travail sur la mise en scène et par leur direction d’acteur que David et Stéphane Foenkinos vont réussir à élever Jalouse au rang de beau film.

David et Stéphane Foenkinos possèdent une plume de grande qualité et un sens du phrasé qui va permettre aux personnages d’avoir du caractère et un véritable sens de la répartie. Ce qui, en plus d’inculquer au film un certain dynamisme, va donner du corps, un background et une richesse émotionnelle aux personnages qui vont faire vivre l’histoire. Les répliquent fusent sans discontinu. Des répliques dont le naturel déconcertant provoque le rire et l’enthousiasme chez un spectateur rapidement conquis par le personnage principal interprété par une Karin Viard rayonnante et dont on ressent l’épanouissement durant les scènes les plus drôles. Un plaisir de jeu qui transparaît et décuple l’empathie du spectateur envers son personnage. Un personnage drôle, touchant, attachant, énervant. Remarquablement écrit et apparaissant instinctivement comme nature, grâce à une franchise et une spontanéité dans l’écriture des répliques. Les scénaristes n’y sont pas allés avec des pincettes, offrant au personnage ce naturel déconcertant et cette spontanéité hilarante. Quelques moments frôlent et tombent dans le « too mush » à cause d’un personnage beaucoup trop décalé et sans gêne, mais c’est ce qui paradoxalement va la caractériser et lui inculquer une véritable personnalité.

Des dialogues succulents, un casting bien dirigé et porté par une Karin Viard rayonnante, et ce, sans omettre un joli travail sur l’imagerie du film. Une nouvelle fois adéquate, c’est l’expression « sans prétention » qui représente au mieux le travail visuel réalisé sur ce film. Épaulé par le chef opérateur attitré du réalisateur Bruno Dumont, Guillaume DeffontaineDavid et Stéphane Foenkinos ont réalisé un film que l’on qualifierait aisément de scolaire. Tant dans sa gestion de l’éclairage, que dans son cadrage. Une source de lumière ajoutée en arrière-plan afin de rehausser les tons et enrichir le plan, utiliser des lumières d’appoints et une colorimétrie globale assez chaude, en cohérence avec le ton du film, qui n’en demeure pas moins une comédie. C’est visuellement simple, mais beau et amplement suffisant pour capter l’attention du spectateur sans que ce dernier n’ait le temps de s’ennuyer. Une méthode d’éclairage pouvant être ici qualifiée de belle puisqu’en adéquation avec le ton du personnage, elle-même quelque peu fausse (elle se ment à elle-même, ainsi qu’à tous ceux qui l’entoure) à l’image de cette direction artistique artificielle et très appuyée avec des rehaussements de couleurs. Ce qui en temps normal paraîtrait fade et bien trop artificiel. S’écarter du réalisme et du naturalisme pour démontrer que Jalouse est comédie de fiction pure et dure, mais avec un sous-texte et fond social pouvant permettre à certaines spectatrices de s’y retrouver. Une attention qui sera démultipliée par les dialogues, ainsi que la direction d’actrices et d’acteurs, qui font de ce Jalouse un beau film. Un film sans prétention, mais un portrait de femme drôle et touchant dont on sort avec le sourire.

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