CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Un Homme à la Hauteur (Critique l 2016) réalisé par Laurent Tirard

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Synopsis : “Diane est une belle femme. Une très belle femme. Brillante avocate, elle a de l’humour et une forte personnalité. Et comme elle vient de mettre un terme à un mariage qui ne la rendait pas heureuse, la voilà enfin libre de rencontrer l’homme de sa vie. Le hasard n’existant pas, Diane reçoit le coup de fil d’un certain Alexandre, qui a retrouvé le portable qu’elle avait égaré. Très vite, quelque chose se passe lors de cette conversation téléphonique. Alexandre est courtois, drôle, visiblement cultivé… Diane est sous le charme. Un rendez-vous est rapidement fixé. Mais la rencontre ne se passe pas du tout comme prévu….”

à suivre, un coup de gueule sur le film en fin d’article

D’entrée de jeu, j’aime les comédies romantiques ! Ce postulat posé, il est désormais plus facile pour vous et moi de démarrer la critique du nouveau film de Laurent Tirard. Pourquoi me direz-vous ? Parce que l’exercice est plus difficile que d’habitude dans la mesure où je me dois de ne pas écouter mon petit cœur d’artichaut afin de rester le plus objectif possible.

Bien ! Reprenons du début : le réalisateur. Ancien journaliste à Studio MagazineLaurent Tirard est vite happé par la réalisation. Sans doute est-ce dû à ses leçons de cinéma (dudit magazine) qui lui ont donné envie de sauter le pas. De courts-métrages en co-écriture de longs, il signe des petits bijoux de drôlerie dont Prête-moi ta main qu’il coécrit avec le metteur en scène Éric Lartigau. Puis c’est la grande aventure solo avec Molière (nommé 4 fois aux Césars) dont l’écriture ciselée en fait un sérieux prétendant au titre de meilleur scénariste de France. Il s’attaque à l’adaptation du Petit Nicolas (assez réussi) puis le quatrième Astérix (beaucoup moins réussi) et la suite des aventures du héros de Sempé et Goscinny. Cependant, l’auteur de Mensonges et trahisons (son premier long) manque au cinéma… et c’est à la faveur de la découverte du film argentin Corazon de Leon de l’Argentin Marcos Carnevale qu’il revient en forme.

L’histoire est simple : une jeune femme égare son téléphone portable, un homme la retrouve, l’appelle chez elle… puis d’échanges en discussions, de confidences en moments de partage, il lui propose une rencontre inattendue. Une rencontre qui bouleversera les certitudes de la belle, car l’homme en question est d’une hauteur inférieure à la moyenne. Un Homme à la Hauteur : le titre est donc « casse-gueule » car tous les jeux de mots sont possibles : le film est-il à la hauteur des attentes ? Le scénario est-il à la hauteur de la locomotive Dujardin ? Les effets spéciaux seront-ils suffisamment à la hauteur du défi ? En effet, l’acteur principal mesure 1m36 dans le film pour 1m82 dans la vraie vie !

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Abordons d’entrée de jeu l’effet spécial qui permettra de croire en l’histoire ou pas. Je vous avoue qu’à la vue de la bande-annonce si certains passages semblaient jouer sur des artifices assez faciles : la hauteur à table (pas très compliqué d’asseoir Dujardin sur une plus petite chaise que Virginie), les plans où ils sont face à face (enfin face à nombril est le terme le plus adéquat) semblaient également simple à réaliser grâce à de simple champ/contre champ, mais il restait les autres. Comment faire co-exister deux acteurs l’un à côté de l’autre de taille différente pour nous permettre d’y croire encore ? Si l’écran coupé en deux fonctionne à merveille (à savoir on fait jouer les deux acteurs, mais pas en même temps afin ensuite de positionner les deux images tournées au montage), qu’en est-il des autres scènes ? La boîte de nuit, l’atterrissage après le saut en avion, les moments dans la rue, les rencontres… si on excepte la scène ratée de la boîte de nuit justement (les spots ont des effets désastreux sur le fond vert), tout le reste est crédible.

Comment ? De dos, Jean Dujardin a une doublure qui lui ressemble tant au niveau de la démarche que de la carrure. Et puis Laurent Tirard dirige habilement ses acteurs :  Dujardin est pour une fois dans la nuance, dans le contrôle pour nous permettre d’adhérer à cette histoire sur la différence : cette petite taille qui serait un handicap, mais qu’il transforme en atout : conquérir le cœur des gens, être aimé et surtout faire plaisir aux autres. Bien entendu, si la performance de Jean Dujardin est une réussite, pour la valoriser, il faut un casting aux petits oignons. En ce sens, tous les personnages qui entourent notre duo (Virginie Efira épatante comme toujours) sont au diapason de l’histoire. Stéphanie Papanian en collaboratrice, secrétaire un peu « bitchy » sur les bords livrent quelques moments assez drôles et décalés. Cédric Khan en ex totalement imbu de lui-même et coureur de jupons est parfait. Et surtout César Domboy, interprétant le fils à hauteur ordinaire de Jean Dujardin, propose les moments les plus doux et sensibles de l’histoire, car ce fils voit son père pour ce qu’il est : un grand homme !

On pourrait reprocher à Laurent Tirard d’avoir choisi un acteur « bankable » et de taille ordinaire pour interpréter un homme de petite taille… tout comme le « white bashing » existe à Hollywood, on pourrait s’étonner qu’il ne fasse pas appel à un acteur calibré (si je puis me permettre l’expression) pour le rôle. C’est un choix sans doute dicté par les annonceurs et distributeurs et aussi par la performance technique à réaliser. Et on pourra souligner que l’histoire d’amour intervient entre deux personnes à l’abri du besoin (on ne va pas ajouter d’autres handicaps en plus… même si cela aurait pu donner du sel à la comédie romantique).

Il nous reste donc l’histoire : une comédie romantique sympathique et attachante même si les ressorts sont toujours les mêmes. Les deux  héros se rencontrent, badinent, tombent amoureux et vient ensuite le temps des questions, de la séparation, du couplet sur les différences pour finalement… finalement quoi ? À vous de le découvrir !


En Conclusion :

Emmené par une bande originale entraînante et également romantique (la version guitare-voix de Freed From Desire est imparable), Un Homme à la Hauteur est une comédie romantique sur la différence qui permet de poser la question du regard de la société sur les amours « hors normes ». Même si parfois l’effet spécial de réduction de taille est compliqué à admettre, l’histoire fonctionne grâce à l’abattage des deux héros et un casting qui nous permet de croire en cette romance. Romance qui même si elle ne renouvelle pas le genre n’en est pas moins rafraîchissante.

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Le Coup de Gueule Bonus :

Il y a des films qui, comme celui-ci, ne font pas l’unanimité. Emmanuel, le spécialiste des comédies romantiques du blog défend plutôt bien son avis sur le nouveau film de Laurent Tirard au travers de cette critique. Sur certains points il dit vrai, telles les jolies et nuancées prestations de Jean Dujardin et Virginie Efira. Cette dernière semble au fil des années s’épanouir de plus en plus en tant qu’actrice et ça lui va à ravir. Cependant, au-delà des comédiens, cette comédie romantique n’est que gêne et clichés. Depuis quand le fait qu’un homme de petite taille puisse être utilisé comme unique enjeu d’un film et ressort comique à part entière ? Entre running gag foireux qui utilisent la taille du protagoniste pour faire rire, et blagues de très mauvais goût, Un Homme à la Hauteur met mal à l’aise et ne fait jamais rire. Seul Jean Dujardin réussit à de rares moments à nous décrocher des sourires grâce à l’auto-dérision qu’il réussit à insuffler à son personnage. Léger pour une comédie romantique de plus d’une heure trente. On ne parlera pas de la mise en scène et du sens du cadre de Laurent Tirard, qui ne fait que de jouer sur la différence de taille entre les deux personnages principaux… Alors oui c’est mignon, oui le postulat originel part d’une bonne volonté, mais il aurait fallût en faire quelque chose d’autre qu’une simple et banale comédie au scénario inintéressant et à la mise en scène dérisoire.

Kevin


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