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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Guns Akimbo, un divertissement régressif faussement subversif


Synopsis : « Un concepteur de jeux vidéo se réveille d’une violente agression avec un pistolet greffé au bout de chaque main. Gladiateur des temps modernes malgré lui, il sera contraint de livrer une lutte sans merci pour récupérer son amie, kidnappée, pour le plus grand divertissement d’une communauté d’internautes avide de violence. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Deuxième long-métrage, après Deathgasm (2015), du réalisateur/scénariste néo-zélandais Jason Lei Howden, ancien technicien d’effets spéciaux chez Weta DigitalGuns Akimbo est arrivé en France sur Amazon Prime Vidéo le 23 mars dernier, avec un concept assez délirant qui promettait un divertissement plutôt jouissif. Un pitch assez alléchant qui se résumait à son high-concept : Harry Potter (Daniel Radcliffe) avec des flingues greffés au mains, qui se retrouve pourchassé dans un Stream live sous les yeux de tous. 

Si le concept de Guns Akimbo est intrigant, le film ne fait absolument rien de son pitch alléchant qui aurait pu donner un film d’action délirant et barré, ce que le film ne parvient jamais à être. À la réalisation, Jason Lei Howden nous livre une esthétique tape à l’œil, avec des néons dans chaque plan pour suresthétiser son film, une caméra hyperactive constamment en mouvement, un montage hypercut où des nerds tapent frénétiquement sur des claviers tandis que d’autres se tirent dessus.

Guns Akimbo se voudrait cool et subversif, violent et fun, mais il ne parvient jamais à procurer ce sentiment, si ce n’est celui de voir un film assez puéril et vulgaire, avec un propos limite réactionnaire dans sa morale. Le film de Jason Lei Howden se veut comme une dénonciation du voyeurisme des Live Stream, mais il rappelle plus une autre branche de ce cinéma d’action, celle de films tels qu’Ultimate Game (Mark Neveldine et Brian Taylor, 2009) ou encore Nerve (Ariel Schulman et Henry Joost, 2016) qui se complaisent dans leur propre voyeurisme avec une morale cynique assez douteuse. Guns Akimbo n’échappe pas à cette mode, se complaisant dans sa violence faussement fun avec un cynisme détestable. 

L’atout principal de Guns Akimbo résidait dans la performance de Daniel Radcliffe, se baladant en caleçon avec un peignoir et des flingues cloués aux mains. Depuis qu’il en a fini avec la saga Harry Potter, l’acteur enchaîne les performances à contre-courant pour briser son image de jeune sorcier, révélant au passage un véritable talent comique, pour le meilleur chez Alexandre Aja avec Horns (2013), dans le ciné indé avec Swiss Army Man (Daniel Scheinert et Dan Kwan, 2016), ou encore dans la série Miracle Workers (Simon Rich, 2019), mais aussi pour le pire avec Guns Akimbo.

Lorsqu’il n’est pas dirigé par un cinéaste avec un parti pris dans sa performance (jouer un cadavre ou un type avec des cornes), Daniel Radcliffe se retrouve en totale roue libre, courant dans les rues avec ses flingues cloués aux mains, vomissant entre deux effusions de sang sur son visage. Malgré le fait qu’il puisse susciter une vraie sympathie chez le spectateur lorsqu’il se retrouve dans la peau d’un loser, l’acteur cabotine péniblement, enchaînant les punchlines qui tombent à plat, tant l’écriture de Jason Lei Howden est proche du néant, que ce soit dans l’humour vulgaire ou sa noirceur faussement subversive. L’acteur britannique suscite plus de peine que de rire, alors que sa performance s’annonçait comme le meilleur atout du film. 

Dans le contexte du confinement, Guns Akimbo peut faire office de divertissement un peu régressif, si on passe outre son humour vulgaire faussement cool et sa violence faussement subversive. Le film de Jason Lei Howden vous fera perdre une heure et demie de votre soirée confinée, ce qui n’est pas réellement un compliment. 


« Faussement cool dans sa violence qui se veut subversive, jamais vraiment drôle dans son humour vulgaire, avec un Daniel Radcliffe en cabotinage total, Guns Akimbo peut faire office de divertissement régressif si on passe outre son cynisme puéril et douteux. » 


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