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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Free Fire réalisé par Ben Wheatley [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Une vente d’armes clandestine doit avoir lieu dans un entrepôt désert. Tous ceux qui y sont associés se retrouvent face à face : deux Irlandais, Justine, l’intermédiaire, et le gang dirigé par Vernon et Ord. Mais rien ne se passe comme prévu et la transaction vire à l’affrontement. C’est désormais chacun pour soi… pour s’en sortir, il va falloir être malin et résistant. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Sorti de manière quasi confidentielle mercredi dernier (14 juin 2017 ndlr), le dernier film de Ben Wheatley (le cinéaste fou derrière Tourists, Kill List ou le plus récent High-Rise), Free Fire, s’offre un décor minimaliste, un casting 5 étoiles et un déroulé explosif et violent, pour se révéler être, en plus du meilleur film du cinéaste, le défouloir divertissant et cynique qu’il nous manquait en ces temps récents.

L’intrigue est d’une simplicité confondante : 2 groupes de personnages hauts en couleur se retrouvent pour une vente d’arme qui va dégénérer et finir en échange de coup de feu…pendant les 3/4 du film. Parmi eux Sharlto Copley en dandy maniaque, Armie Hammer (le meilleur personnage du film) en middle-man fumeur de joints, Brie Larson en organisatrice dépassée par les évènements ou encore Sam Riley en loser complet se transformant rapidement en ennemi public numéro un, composent chacun des personnages hilarants et déjantés, qui contribuent pour beaucoup au succès du film.

Ce dernier repose avant tout sur la simplicité de l’ensemble. Wheatley semble conscient qu’il n’est pas Tarantino. Ainsi, au lieu d’alambiquer son récit et ses personnages (marque de fabrique d’un Reservoir Dogs, auquel le film fait vite penser), le réalisateur se concentre uniquement sur sa trame (fine comme une lame de rasoir) et ainsi inévitablement, sur ses coups de feu et ses dialogues savoureux. Ici, le rare background des personnages sert uniquement d’élément déclencheur au carnage ambiant. Chaque personnage est donc défini uniquement par les actions qu’il mène dans l’entrepôt qui sert de décor au film, ce qui permet d’avoir un traitement assez égal de chaque protagoniste, mais également de ne pas s’attacher. On nous peint une galerie d’ordures souvent débiles, grossières, violentes, nerveuses et sexistes, ce qui rend le spectacle de massacre mutuel encore plus jouissif, puisque chacun mérite autant que l’autre de s’en prendre une au passage. Ajoutez à cela les dialogues toujours emplis de second degré, d’un cynisme complet et de conneries plus monumentales les unes que les autres, et le film se révèle toujours plus drôle au fur et à mesure de son avancement et de ses rebondissements.

On a la classe ou on ne l’a pas, et là clairement c’est la classe !

Le cinéaste Ben Wheatley n’a également rien perdu de sa patte artistique. S’il se réduit ici à ce qui peut apparaître comme une scène de théâtre de l’absurde (et de la violence), comme il l’avait fait avec A Field in England (film déjà inclassable où une poignée de soldats anglais du XVIIe siècle se retrouve dans un champ après avoir pris des champignons), il garde la maîtrise technique qu’il a acquise au fur et à mesure des films (celle là même qui sauvait High-Rise de l’effondrement artistique complet). La photographie est encore une fois magnifique, et aide à la lisibilité d’un film qui se déroule de nuit dans un décor sombre. Les angles qu’il trouve à chaque coup de feu, le découpage de ses séquences de fusillade sans interruption, et le montage qui lie tout cela permettent de ne rien rater d’un film par définition bordélique et furieux, auquel il aurait été facile de ne rien comprendre. Pour parachever tout cela, Martin Pavey, l’ingénieur du son, se place en réel MVP du film, tant l’utilisation du son dans le film est capitale pour l’expérience du spectateur. Chaque arme a un son à elle et chaque balle fait un bruit différent, en fonction d’où elle est tirée, d’où elle rebondit, de qui elle touche. Cela peut paraître logique et basique, mais l’attention portée au design sonore d’un film est souvent minime, et dans le cas d’un film comme Free Fire composé quasiment exclusivement de tirs dans un lieu fermé, elle permet une meilleure immersion, comme une meilleure appréciation du film.

Si Free Fire n’est qu’une série B simpliste au possible, elle se retrouve transcendée par une technique magistrale, et par un cortège d’acteurs décomplexés, drôles et manifestement ravis de se retrouver au milieu d’un film qui part autant dans tous les sens. Porté par un sentiment d’urgence, par son humour ravageur et sa violence sans retenue, Free Fire est un film à l’image de son dernier plan, aussi jouissif que cynique.


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