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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Hidden Figures réalisé par Theodore Melfi [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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C’est le deuxième film en moins de 3 semaines qui évoque le thème de la place des Noirs aux USA dans les années 1960. Loving reprenait le parcours des époux Loving pour que leur amour interracial puisse vivre et s’épanouir pleinement dans une Amérique sudiste fondamentalement raciste. Ici, c’est dans l’accès aux postes à responsabilité que le film aborde la ségrégation raciale. Basées sur une histoire vraie, ces Figures de l’ombre centrent l’intrigue sur l’importance et la place de ces mathématiciennes noires qui permirent aux USA de rattraper leur retard dans la conquête de l’espace.

Nous suivons trois mathématiciennes de talent ou plutôt calculatrices, car c’est le terme exact de l’époque. Katherine, Dorothy et Mary oeuvrent quotidiennement pour faire avancer dans l’ombre la conquête spatiale. Et surtout permettre à John Glen d’entamer le premier vol habité dans l’espace. Chacune a des compétences spécifiques et chacune va devoir se battre contre les préjugés raciaux de l’époque. Katherine (Tajari P. Jenson, star de la série Empire) est la calculatrice de la trajectoire de John Glen pour qu’il puisse rentrer dans l’atmosphère sans encombre et surtout vivant. Octavia Spencer est la chef de la troupe des 30 mathématiciennes noires qui vont devenir des spécialistes d’IBM. Et enfin, Janelle Monáe est la future ingénieure qui doit se battre pour pouvoir suivre les cours nécessaires à l’obtention du titre d’ingénieur qualifié pour qu’elle postule en tant que telle à la NASA.

L’intérêt du film est de voir ces femmes se débattre au sein même d’un système comme celui de la NASA qui cumule les obstacles : un milieu typiquement masculin où les femmes ont une place secondaire et où les Noirs sont mis de côté. Même si les premières lois anti-ségrégation ont été votées, il ne faut pas croire que tout est liberté au sein de la grande institution spatiale. Cela entraînera notamment le fameux passage de la pause quotidienne pour les toilettes. Katherine devant sans cesse parcourir plus d’un kilomètre par jour pour aller dans des espaces réservés aux gens de couleur. Et ce passage met notamment lumière un Kevin Costner investi dans l’envie de réduire les inégalités… mais pas entièrement cependant.

Le destin de trois femmes hors du commun !

Dans sa conception, il faut l’admettre, le film de Theodore Melfi est classique. Il est même totalement calibré pour les Oscars : histoire vraie, indépendance des femmes, libération de la cause noire… tout ce qui peut plaire à l’Académie qui lui offrit 3 nominations justifiées. Cependant, il faut dépasser ce classicisme pour se rendre compte que la narration fluide évoque une autre thématique. Elle est actuelle et universelle : la place de la femme dans la société. Une femme qui doit savoir être mère, s’émanciper par le travail et rester femme. En ce sens, elles ne se font pas de cadeaux entre elles : les rencontres entre Octavia Spencer et Kirsten Dunst sont intéressantes, car elles révèlent bien plus que la simple question de couleur. Elles évoquent aussi la place de l’une par rapport à l’autre avec la possibilité d’une perte de pouvoir.

Si le film Les Figures de l’ombre est également réussi, c’est parce qu’il embrasse les thèmes de l’amour et de la considération. L’amour, car les hommes ne sont pas oubliés : Katherine est habilement courtisé par Mahershala Ali, lui montrant qu’elle mérite encore tout l’amour du monde. Et la considération passe par John Glen. Notamment quand il prend le temps de saluer les « calculatrices noires », il montre qu’il est dans un monde en mouvement. Un monde qui change : s’il part à la conquête de l’espace, ces femmes qu’il salue partent à la conquête de leurs droits civiques. Tous leurs droits civiques : la scène du tribunal où Mary doit défendre la possibilité de suivre des cours dans une université blanche et révélatrice d’une époque. Enfin, ce film montre aussi que malgré l’avancée technologique, malgré les machines qui sont là pour prendre la place de l’homme (le premier IBM est donc à l’origine des calculs de trajectoires pour Glen), l’humain a toujours sa place. Ces trois femmes démontrent qu’avec de l’énergie, de la volonté et surtout une insatiable envie d’apprendre alors il est possible de rester à sa place. Conserver son travail, car il est plus que nécessaire pour l’être humain de contrôler les machines.

En résumé, Les Figures de l’ombre est un biopic classique exaltant la force et la détermination de ces mathématiciennes noires devenues les véritables symboles de la réussite. Une réussite à la fois sociale, raciale et féminine. Touchant, drôle et prenant de bout en bout, le film est une belle découverte !

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