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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Fahrenheit 11/9 réalisé par Michael Moore [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Filmmaker Michael Moore examines the current state of American politics, particularly the Donald J. Trump presidency and gun violence, while highlighting the power of grassroots democratic movements. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Si les Steven Spielberg, Francis Ford Coppola, Brian De Palma ou encore Martin Scorsese sont connus pour être des réalisateurs de films de fiction, Michael Moore est de son côté reconnu pour être quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche. De Bowling for Columbine à Fahrenheit 9/11 en passant par Where to Invade Next, Michael Moore est un cinéaste reconnu pour ses documentaires aussi cinglants que bien documentés. Il ne dit pas quelque chose simplement pour le dire et le hurler sur tous les toits. Il fait des recherches, amoncelle tout ce qu’il a pu trouver de plus fort sur le sujet qu’il souhaite passer au crible, puis se lance dans la construction d’un puzzle géant dont le simple but va être de rendre sa parole la plus limpide, crédible et cinglante possible. Si on connaît les titres des films réalisés par Michael Moore, c’est avant tout la personnalité du cinéaste, que l’on retrouve pleinement dans ses films où il se met lui-même en scène à l’image d’un bon américain extravagant, que l’on aime ou que l’on déteste. C’est lui qui fait le sel des films en question. Films qui d’un point de vue cinématographique n’inventent rien et ne surprennent à aucun moment. Et ce, que ce soit en termes de narration, de mise en scène, du point de vue opté ou encore sur le plan artistique. Une grande gueule qui a su surprendre son monde en 2002, mais qui a rapidement épuisé les foules. 2018 est-elle donc l’année du grand retour de Michael Moore ?

Donald Trump. Ce simple nom nous évoque tant de choses aujourd’hui. Il nous évoque notamment des élections présidentielles improbables. Hilary Clinton était donnée gagnante, beaucoup en étaient heureux, puis plus les jours avançaient, plus le nom du milliardaire pour lequel le poste de président des États-Unis consistait à tester un fauteuil deux heures par jour revenait. Il a créé la surprise, la peur, la stupeur. Depuis c’est la descente aux enfers et il ne semble même pas s’en rendre compte. Avec Fahrenheit 11/9, Michael Moore se pose la fameuse question : « Comment en est-on arrivé là ? ». Et s’il y a bien une chose qui est certaine : le cinéaste ne nous apprend rien avec ce nouveau long-métrage. Il ne surprend pas par le contenu avancé, ni par le décryptage réalisé de la situation. Néanmoins, ce qu’il montre effraie. Tel que l’amorce le titre fortement évocateur du film, l’objectif du cinéaste est ici de faire un parallèle cinglant avec son documentaire consacré à la catastrophe du World Trade Center, ainsi qu’avec le régime politique dictatorial. De la chaîne télévisée Fox News aux grands patrons qui font en sorte de cacher des éléments qui mettent directement en danger la population américaine de certaines villes, tout le monde en prend pour son grade. C’est fondamentalement cet enchaînement d’informations, qui une à une ne nous choquerait pas autant, qui va prendre à la gorge le spectateur. Tout est évidemment lié et c’est bien pire que ce que vous pouvez croire. Michael Moore ne surprend pas, ne bouleverse pas les codes, mais il prouve ici parfaitement maîtrisé les codes de son propre cinéma.

Si on peut aisément lui reprocher de fonder le propos du film uniquement sur sa propre parole (aspect propagandiste que l’on peut détester et qui peut malheureusement pousser certains amateurs de Trump a vouloir encore plus le voir rester en place), ainsi que sur celles de quelques personnes triées sur le volet afin que sa parole paraisse sensée, difficile de lui reprocher sa manière d’utiliser le médium qu’est le documentaire. Des élections à l’accumulation des paroles et actes problématiques de Trump en passant par le cas d’un milliardaire placé à la tête d’une grande compagnie sans oublier le cas d’Américains moyens atteints par des actes catastrophiques du gouvernement, Fahrenheit 11/9 dispose d’une narration parfaitement menée. C’est d’une fluidité remarquable. Les histoires s’enchaînent et se lient une à une, sans jamais se délier avant qu’on ne revienne avec logique au cas Trump pour finir en apothéose tel que Michael Moore aime le faire. Prouvant une nouvelle fois qu’il a compris qu’il fallait soigner son entrée et sa sortie au cinéma. Narration qui accuse malheureusement de grosses baisses de régime. Dotée d’une durée dépassant les deux heures, si le film sait captiver le spectateur dans sa première et dernière demi-heure, l’heure restante oscille entre moment captivants et moments d’ennuis. Ça manque d’impact et de choix artistiques d’un point de vue montage, ce qui aurait pu inculquer au film une dynamique encore aujourd’hui inexistante dans le cinéma de Michael Moore.

Il n’y a fondamentalement pas énormément de choses à dire sur ce Fahrenheit 11/9. Satire acerbe et bien plus prononcée qu’à l’accoutumée, Fahrenheit 11/9 ne surprend pas, mais démontre avec une efficacité redoutable la bêtise dont peut faire preuve l’être humain. Bêtise présente chez certains Américains (racisme, conservatisme, machisme…), mais avant tout et surtout au sein même de l’esprit à la tête des États-Unis d’Amérique. Néanmoins si certains spectateurs verront notamment un rapprochement logique entre la politique de Trump et le Nazisme, d’autres n’y verront qu’une simple exagération et propagande de la part du cinéaste. Frontière qu’il est délicat de franchir, car ces derniers ne seront finalement que davantage poussés vers leur adhésion inexplicable à des personnalités telles que Donald Trump. Le militantisme de Michael Moore va-t-il trop loin au point de flinguer son propos ? On se pose réellement la question…


« Le militantisme de Michael Moore va-t-il trop loin au point de flinguer son propos ? On se pose réellement la question… »


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