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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Enragé, La mauvaise journée de Russell « Maximus » Crowe

Synopsis : « Mauvaise journée pour Rachel : en retard pour conduire son fils à l’école, elle se retrouve coincée au feu derrière une voiture qui ne redémarre pas. Perdant patience, elle klaxonne et passe devant. Quelques mètres plus loin, le même pick up s’arrête à son niveau. Son conducteur la somme de s’excuser, mais elle refuse. Furieux, il commence à la suivre… La journée de Rachel se transforme en véritable cauchemar. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Vendu comme la grosse série B régressive du moment, Enragé est le quatrième film réalisé par Derrick Borte, réalisateur dont les précédents films sont inédits en France. Il place Russell Crowe en enragé du volant qui s’essaye à l’exercice du rôle de méchant, nouveau défi dans la carrière de l’acteur légèrement sur le déclin.

Le scénario est très simple : une femme en retard pour conduire son fils à l’école se retrouve coincée dans les embouteillages, derrière un pick-up qui ne redémarre pas au feu vert. La jeune femme klaxonne, le double, avant de le recroiser au feu suivant. Pas de bol pour elle, au volant du pick-up se trouve un Maximus bien vénère qui lui demande de s’excuser, ce qu’elle refuse. Un refus qui va déclencher la colère de l’ex-Gladiator (2000). Il va alors se transformer en psychopathe du volant et la poursuivre afin de lui apprendre ce qu’est une « vraie » mauvaise journée. 

Mélange improbable entre le Chute Libre de Joel Schumacher (1993) avec Michael Douglas pour son héros qui pète les plombs et le Duel de Steven Spielberg (1971) pour sa course poursuite infernale, Enragé se veut le rejeton direct et illégitime de ces deux films cultes. Il dresse un portrait politique d’une Amérique sous pression, avec un personnage qui devient la représentation de l’homo-sapiens américain et ses névroses. D’abord proposé à Nicolas Cage (on ne peut qu’imaginer le cabotinage monumental que ça aurait été), c’est Russell Crowe qui prête ses traits à cette figure du mal sans nom. Il se fait juste appeler « l’Homme », et devient le visage d’une société en déclin.

À travers sa carrure imposante et un certain charisme, l’acteur incarne un « méchant » terrifiant, un croquemitaine qui apparaît là où ne s’y attend pas avant de disparaître pour réapparaître plus tard de manière encore plus brutale. Si le long métrage s’autorise quelques invraisemblances scénaristiques pour faire de son personnage une incarnation du mal absolu, voir Maximus mettre des baffes de forain à des automobilistes, ou tuer des proches de notre héroïne de manière assez sadique, a quelque chose de jouissif… malgré le cabotinage évident de Russell Crowe : il enchaîne les grimaces à « meme » qui provoque plus le rire que l’horreur par moments. 

Le scénario écrit par Carl Ellsworth, un habitué des thrillers psychologiques (Red EyeParanoiak), se voudrait comme une parabole politique dénonçant les névroses de la société américaine. Ce propos ne sert ici que de toile de fond, notamment à travers un générique constitué d’images d’archives.

La psychologie des personnages est établie en quelques minutes, avec une économie de plans efficace, tout comme la dimension politique ne dépasse pas quelques images et deux lignes de dialogues. Le long métrage ne dévie jamais de son programme de petite série B régressive, prévisible dans son écriture et accumulant les grosses ficelles scénaristiques, à coups de Set-Up/Pay-Off que l’on voit arriver à des kilomètres en début de film. 

Mais Enragé devient assez jouissif et savoureux lorsqu’il s’assume comme une pure Série B sacrément vénère, brutale et violente comme on les aime, avec un Russell Crowe vraiment très méchant qu’il ne vaut mieux pas énerver. On sent les coups lorsque le véhicule percute ou que son personnage frappe et tue à bout de bras tout ce qui se trouve sur son chemin. En 1h30, le long métrage de Derrick Borte a le mérite d’être une course poursuite efficace et bien rythmée qui n’accuse aucun temps mort jusqu’à son dernier plan. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon : une série B plutôt efficace.

Ce film est interdit aux moins de 12 ans avec avertissement.


« Malgré les grosses ficelles scénaristiques de son scénario programmatique, Enragé n’en est que plus jouissif lorsqu’il s’assume comme une petite série B efficace, brutale et violente à souhait, avec un Russell « Maximus » Crowe bien vénère.  »


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