CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

En avant, la quête magique de la figure paternelle


Synopsis : « Dans la banlieue d’un univers imaginaire, deux frères elfes se lancent dans une quête extraordinaire pour découvrir s’il reste encore un peu de magie dans le monde. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Après la lecture de cette critique, et même si elle est présente, pour une fois, essayez de résister à la tentation de regarder la bande-annonce… car même si elle vous donnera encore plus envie de découvrir le nouveau bijou de Pixar, elle pourrait aussi révéler quelques surprises importantes de cette quête magique à la recherche du père par deux frères que tout oppose mais inséparables.

L’histoire se situe dans un univers magique peuplé de sirènes, d’elfes, de dragons, de magiciens et d’un bestiaire unique et mythologique… seulement, si à l’origine, cela faisait rêver, les progrès de la civilisation ont entraîné une disparition de cette magie dans un monde où il suffit de tourner un bouton pour avoir de la lumière, du feu et même de la musique. En faisant de cet univers féérique, finalement un monde actuel et banal, en clair notre quotidien, les scénaristes Dan Scalon, Jason Headley et Keith Bunnin, réussissent à nous immerger pleinement dans l’histoire et facilitent l’identification aux deux héros. Ces deux frères, Ian et Barley, parleront à tout le monde que vous ayez une fratrie nombreuse ou pas car ils représentent le soutien que s’apporte une famille dans les moments de joie comme de tristesse. Et c’est la tristesse qui marque un peu notre jeune héros, Ian en cette journée de seizième anniversaire. Timide, un peu empoté, il a des difficultés à se faire des amis et surtout, il aurait aimé mieux connaître son père disparu des suites d’une longue maladie alors qu’il était encore bébé.

Après ce prologue, l’anniversaire de Ian devient l’élément déclencheur d’une course folle grâce au cadeau mis de côté par leur mère pour le moment où les deux frères auraient passé l’âge des 16 ans. Ce bâton de magicien, offert par leur père, va leur permettre de le rencontrer pour 24 heures. La condition ? Prononcer la formule magique pour le faire réapparaître. Cependant, peu initié à la magie, Ian ne fait apparaître qu’un demi-papa. Pourtant, pour réussir à le faire revenir pour une journée, les garçons se lancent dans une aventure folle, une quête digne du Seigneur des anneaux (le côté violent en moins quand même) pour tenter de retrouver la pierre magique qui permettra à leur père de retrouver son corps tout entier.

De cette situation de départ très drôle, le film base certains de ses ressorts comiques sur cette moitié de corps qui bouge et qui ne communique qu’avec les pieds. Cependant, jouer uniquement sur ce gag visuel deviendrait vite lassant. Pour palier cela, le réalisateur a créé tout un bestiaire magique placé habilement sur la route des deux frangins. Enfin un peu de piquant dans cette histoire ! Si les licornes sont anecdotiques, ce sont les fées, les centaures, le dragon domestique et surtout la Manticore qui retiendront l’attention du spectateur. La découverte de chacun de ces personnages va à l’encontre de tout ce que l’on connaît des classiques mythologiques pour renverser la tendance et apporter la folie nécessaire à cette histoire qui parle de la perte et du deuil. Comme toujours chez Pixar, il y a une profondeur incroyable qui arrive au moment où l’on ne s’y attend pas. Ici dans En avant, c’est au moment où le jeune Ian écoute une vieille cassette avec la voix de son père que l’émotion jaillit et crée la véritable étincelle du film.

À partir de ce moment, le film sort de ce côté enfantin et merveilleux pour s’adresser à toute la famille. Sans doute, ce film d’animation sera-t-il moins accessible pour les plus petits que Vice Versa, mais les personnages merveilleux sont suffisamment étonnants et bien dessinés pour réussir le pari d’emmener tout le public, quel que soit son âge dans ce grand bain d’émotion magique. Après l’histoire contant la nécessité de quitter sa famille pour vivre sa vie dans Toy Story 4, Pixar nous amène à réfléchir à la perte et au deuil par le biais de la relation forte qui unit ces deux frères. Avec une délicatesse, présente notamment dans Vice Versa avec le personnage de Bing Bong ou encore Hector dans Coco, le film évoque avec subtilité la perte d’un être cher. Le film parle de cette envie pour tout un chacun de revoir au moins une fois les personnes disparues. Les retrouver pour un court moment afin de les serrer une dernière fois dans ses bras, leur confier nos vies, écouter leurs conseils comme avant.

En se basant sur sa propre existence, Dan Scalon a perdu son père alors qu’il n’avait qu’un an, le réalisateur raconte une histoire universelle et forte pour que tout le monde s’y reconnaisse. Sans jouer la partition des violons, on appréciera le travail musical de Jeff et Mychael Danna jouant à fond sur le rock et la musique country (purement américaine pour le coup et réunissant suffisamment la famille), le film est une histoire sans temps mort où l’humour est toujours présent. Les gags s’enchaînent et réussissent à laisser la place à une émotion pure et généreuse. Plus d’une fois les larmes montent aux yeux. Plus d’une fois, le réalisateur réussit avec ses deux frères à évoquer le lien familial nécessaire et éternel qui unit toute fratrie. Plus d’une fois, le merveilleux créé est suffisamment fort pour que l’on soit immergé dans cet univers magique et incroyable. On ne redira jamais assez comment Pixar et Disney ont réussi à parler au plus grand nombre avec des histoires de jouets, de monstres dans le placard, d’une introduction de cinq minutes résumant une vie et ici deux frères en quête de leur père disparu.

Bien que désigné comme mineur par beaucoup de critiques, En avant est surtout une grande et belle histoire où l’amour fraternel est la clé de l’aventure. En évoquant par petites touches la disparition, Dan Scalon réussit à toucher le cœur de tout un chacun. En avant est aussi une réussite d’un point de vue graphique où l’image est sublimée par la photographie féérique réalisées par Sharon Calahan et Adam Habib. Certes En avant ne passera pas tout de suite à la postérité des grands Pixar comme l’ont été Toy Story ou les Indestructibles mais la firme a la bonne idée de revenir avec une histoire neuve qui n’est pas une suite et qui n’en appelle pas d’autres. Un scénario suffisamment fort qui avec le temps permettra à ce film d’animation de devenir un classique.

Dans sa version originale, En avant bénéficie des voix assurées de Tom Holland et Chris Pratt pour emmener le public dans leurs délires (on les imagine très bien se donnant la réplique dans une version réelle du film d’animation). Épaulés par Julia Louis-Dreyfus et Octavia Spencer, l’histoire est encore plus délirante… et les surprises continues pour amener Disney de plus en plus vers la diversité qui a si souvent fait défaut à la firme aux grandes oreilles. En avant réussit à être le film d’animation idéal qui fera un bien fou en cette période anxiogène car Ian et Barley en cherchant à revoir leur père, cherchent surtout à faire émerger le merveilleux qui est en chacun de nous.


« On ne redira jamais assez comment Pixar et Disney ont réussi à parler au plus grand nombre avec des histoires de jouets, de monstres dans le placard, d’une introduction de cinq minutes résumant une vie et ici deux frères en quête de leur père disparu. »


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