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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Doctor Sleep Director’s Cut, une version longue indispensable

Synopsis : « Encore profondément marqué par le traumatisme qu’il a vécu, enfant, à l’Overlook Hotel, Dan Torrance a dû se battre pour tenter de trouver un semblant de sérénité. Mais quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels, ses vieux démons resurgissent. Car la jeune fille, consciente que Dan a les mêmes pouvoirs qu’elle, a besoin de son aide : elle cherche à lutter contre la redoutable Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent des dons d’innocents comme elle pour conquérir l’immortalité. Formant une alliance inattendue, Dan et Abra s’engagent dans un combat sans merci contre Rose. Face à l’innocence de la jeune fille et à sa manière d’accepter son don, Dan n’a d’autre choix que de mobiliser ses propres pouvoirs, même s’il doit affronter ses peurs et réveiller les fantômes du passé… »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Pour plus d’informations, article dédié à la version cinéma : Doctor Sleep, donner du cœur et du corps à une oeuvre qui n’a pas d’âge

Dans l’Histoire du cinéma, certaines œuvres cinématographiques sont connues pour leur réhabilitation sur le marché de la vidéo. L’un des cas les plus connu est sans nul doute le Blade Runner de Sir Ridley Scott (1982), œuvre majeur du cinéma de science-fiction cyberpunk ayant acquis son statut de chef-d’œuvre à travers sa director’s cut sortie aux débuts des années 90. Une version qui réhabilitait, à l’époque, une œuvre charcuté par ses producteurs dans sa version cinéma, dont les raisons de sa défaillance n’est inconnue pour personne aujourd’hui. La director’s cut d’un film a donc pour ambition, la plupart du temps, de proposer une version améliorée, plus complète et définitive (voire complètement différente dans certains cas). À l’image du récent Batman V Superman : L’aube de la justice de Zack Snyder (2016), amputé de 30 minutes dans sa version cinéma également réhabilité avec l’Ultimate Cut sorti en vidéo qui proposait une œuvre différente et bien plus aboutie que sa version salle fortement critiquée. 

Mais dans le cas du Doctor Sleep de Mike Flanagan, il n’est pas question d’une version charcuté par des producteurs, le cinéaste ayant toujours validé cette version cinéma de 2h30, déjà exemplaire dans la maîtrise de son rythme et de sa narration, mais pourtant boudé par les spectateurs, le film ayant marqué l’année 2019 comme l’un des plus gros échecs commerciaux de la Warner au box-office. Un constat fort dommage pour un très beau thriller psychologique que Mike Flanagan offrait en guise de suite au chef-d’œuvre de Stanley Kubrick. En novembre dernier, le cinéaste annonçait qu’une director’s cut de 3h, agrémentait de 30 minutes supplémentaires de scènes inédites et rallongées pour certaines, allait voir le jour pour la sortie Blu-ray du long-métrage. Une annonce qui a éveillé notre curiosité pendant ces temps de confinement, propice au visionnage d’une director’s cut qui permet à Doctor Sleep de monter encore d’un cran dans notre estime. 

Tout d’abord, qu’on se le dise directement, cette director’s cut ne change pas la trame narrative du long-métrage, Mike Flanagan étant déjà très fier du montage cinéma où l’on suivait trois arcs narratifs en montage alterné durant une grande partie du film. Dans cette director’s cut, le cinéaste fait le choix de découper son montage sous une forme chapitrée, avec des titres qui en font des chapitres distincts, où les thématiques du roman de Stephen King et de la filmographie de Flanagan fusionnent pour ne faire plus qu’un. Avec ces chapitres thématisés, la volonté du cinéaste de réconcilier le roman de King avec l’œuvre de Kubrick émerge davantage. Le récit gagne en clarté et en profondeur dans un montage beaucoup plus fluide, plus proche du roman dans sa narration, incluant de nouvelles transitions en fondus enchaînés qui font encore plus sens que celles déjà bien présentes dans la version cinéma. Certaines scènes se voient rallongées de plusieurs lignes de dialogues, étoffant davantage la psychologie de son personnage principal, la performance d’Ewan McGregor, déjà excellente dans la version cinéma, en ressortant plus grandit. La scène de confrontation entre Dan Torrance et son père, Jack Torrance (Henry Thomas) est donc rallongée de plusieurs minutes de dialogues, incluant une scène inédite dans les toilettes de l’Overlook, où Flanagan pousse encore plus loin le reflet miroir de ce climax se déroulant dans le lieu mythique du film de Kubrick. Plus qu’un simple gimmick, la dernière demi-heure du long-métrage gagne en richesse thématique dans cette version longue, où le cinéaste prend des libertés par rapport au roman de King afin de réparer certaines trahisons que le film de Kubrick se permettait par rapport à son matériau d’origine. Un geste déjà présent dans la version cinéma, mais que le découpage chapitré de cette director’s cut vient perfectionner. Réconciliant de manière définitive l’œuvre littéraire et cinématographique. 

Des scènes inédites viennent peaufiner davantage les arcs narratifs des seconds rôles du long-métrage. On en apprend un peu plus sur l’enfance de la jeune Abra (Kyliegh Curran, véritable révélation) et sa relation avec ses parents qui découvrent davantage son Shining, dans une poignée de scènes inédites. Plutôt angoissante pour l’une d’entre elles (la scène du piano qui introduit le personnage dès les premières minutes du récit dans cette version). Rose The Hat et son clan du « Nœud Vrai » se voit également agrémentait de quelques scènes supplémentaires, dont certaines rendent la performance charismatique de Rebecca Ferguson encore plus terrifiante et malsaine. 

Si Doctor Sleep offre son lot de scènes inédites dans sa director’s cut, c’est surtout son rythme et sa narration qui en ressortent fortifiés. Outre le chapitrage thématique déjà voulu par Flanagan lors de l’adaptation, les trois heures de cette version longue transforme l’œuvre du jeune cinéaste en une fresque d’épouvante proche de la perfection de sa série Netflix The Haunting of Hill House (2018). L’ambition d’adapter l’œuvre de Stephen King comme une grande fresque horrifique était déjà présente dans la version cinéma de 2h30, avec un rythme relativement soutenu où les péripéties s’enchaînaient avec fluidité. Mais avec ses 30 minutes supplémentaires, les trois arcs narratifs s’enchevêtrent davantage dans un montage plus fluide, où le récit prend le temps de s’attarder sur chacun de ses personnages, qu’il s’agisse de Dan, Abra ou Rose The Hat et les membres de sa secte, contribuant à élargir davantage la fascinante mythologie du roman dans cette version longue. Du haut de ses trois heures au compteur, la director’s cut de Doctor Sleep touche du doigt cette perfection vers laquelle le cinéaste tend dans ses ambitions de grande fresque horrifique. Dans sa version longue, le film de Mike Flanagan devient un très beau drame psychologique sur les traumas de l’enfance, doublé d’un bel hommage à l’œuvre littéraire du King et au chef d’œuvre cinématographique de Kubrick.

« Plus fluide dans sa narration et son découpage grâce à son montage chapitré, plus peaufiné dans la psychologie de ses personnages grâce à une poignée de scènes inédites et rallongées, Doctor Sleep Director’s Cut devient la version définitive d’une fresque psychologique ambitieuse. Indispensable. »

Doctor Sleep Director’s Cut, disponible dans les éditions Blu-ray 4K et Blu-ray.

Ce film est interdit aux moins de 12 ans.


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