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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

[Critique Vidéo] Mustang réalisé par Deniz Gamze Ergüven

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Synopsis : « C’est le début de l’été.
Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues.
La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger.
Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées. »

Dans la catégorie « petits films indépendants qui arrivent un peu de nulle part », on distingue deux destins. D’abord, ceux qui vont avoir un tel succès critique qu’ils vont devenir semble-t-il presque immédiatement cultes, même avec un box-office misérable (c’est le cas d’un It Follows par exemple). Et puis ceux qui, même avec un bouche à oreille plus que convenable, ne vont pas réussir à transformer l’essai et à devenir le centre de toutes les discussions. C’est ceux-là qui sortent le plus souvent, et c’est à un de ces films que nous allons nous intéresser aujourd’hui, j’ai nommé Mustang, un petit film turc, réalisé par Deniz Gamze Ergüven, sortit le 21 octobre en DVD.

Mustang, le « Virgin Suicides Turque » tel qu’il fut vendu par une immense partie de la presse à l’époque de sa sortie en salles. S’il est vrai que les films partagent certains points communs, affirmer ceci est trop facile et révèle un manque d’analyse d’une très grande partie du film, à savoir l’aspect technique. Je reviendrai plus tard dans cette critique sur les points communs scénaristiques, mais il me faut d’abord revenir sur les différences. Le premier film de Sofia Coppola est très aérien dans sa mise en scène, très planant, là où Mustang est un film beaucoup plus sec, certes traversé de bouts de séquences posées, mais dans son ensemble plus dans un souci de réalisme que d’onirisme.

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Mais effectivement, on peut trouver certains points communs aux deux films, dans leur traitement. On y voit deux groupes de 5 jeunes filles, des sœurs, oppressées par des parents pour qui la religion prend une place très importante dans la vie. Le catholicisme dans Virgin Suicides poussait les parents à priver de libertés leurs filles, l’Islam, dans Mustang, les incitera à marier leurs filles au plus vite. C’est la seule ressemblance vraiment marquante entre les deux films, car Mustang traite, au fond, de l’oppression patriarcale, et parle de toute une société à travers ces 5 sœurs, là où Virgin Suicides montrait les agissements d’une certaine catégorie de parents, et ne généralisait jamais son propos à celui de l’ensemble d’une population.

C’est d’ailleurs dans cette volonté qu’a Mustang de dépeindre toute la société turque que le film trouve sa limite. À force de vouloir faire une analyse sociétale précise, et de nous faire comprendre les rouages culturels de la Turquie très traditionaliste, la cinéaste turque semble légèrement oublier ses personnages en route. Une seule des jeunes filles est correctement développée, là où les autres obtiennent des bouts d’arcs narratifs et des dialogues didactiques au possible. Peut-être était-ce là l’intention de la réalisatrice, mais le résultat final s’avère trop bancal pour être totalement convaincant.

Mais malgré cette limite, il faut avouer que cette plongée dans cette Turquie, avec ces pratiques que nous, les Occidentaux, ne comprenons pas, est très intéressante. En effet, si l’avis de Deniz Gamze Ergüven sur les mariages forcés et cette pratique jusqu’au-boutiste des traditions religieuse semble très tranché, elle arrive tout de même à filmer de manière neutre une grande partie de son film. Ainsi, elle critique cette Turquie trop stricte à travers son personnage principal, mais elle nous fait également découvrir toute cette culture et ces pratiques qui nous sont inconnues. À l’aide de son film, elle nous permet donc de comprendre tout ceci, sans jamais le cautionner, et c’est cela qui va participer à la réussite du film.


En Conclusion :

Effectivement, si la réalisation n’est pas grandiose, elle remplit le cahier des charges et délivre même parfois de belles séquences. Si le fond du film limite les capacités de ce dernier, il permet à sa réalisatrice de délivrer un portrait presque anthropologique de son pays, sans jamais délaisser son regard critique.

On regrettera l’absence d’édition Blu-Ray pour le film, choix purement économique et donc compréhensible dans une optique de rentabilité, et on se contentera donc d’une édition DVD très correcte, comprenant un entretien avec la réalisatrice et l’un de ses courts métrages, deux modules certes pas indispensables, mais toujours bienvenus lorsqu’il s’agit de compléter le visionnage d’un long-métrage comme Mustang.


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