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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

[Critique] Secret d'État réalisé par Michael Cuesta

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« Une vérité incroyable se dessine : les rebelles du Nicaragua travailleraient directement avec la CIA pour introduire de la cocaïne aux États-Unis et l’argent résultant de ce trafic servirait à armer les milices des Contras que veulent soutenir les États-Unis. Pour faire exploser la vérité, Webb prend tous les risques et se rend au Nicaragua afin de soutirer des informations essentielles au baron de la drogue Norwin Meneses. Il écrit bientôt une série d’articles qui secoue l’Amérique tout entière…
Webb devient alors une cible pour les journalistes rivaux mais aussi pour les responsables du trafic : un véritable complot se trame contre lui… « 

« Jeremy Renner se transcende et emporte cette enquête sur fond de complot politique. »

Secret d’État ou Kill The Messenger sous son titre original, est un film à l’histoire particulière, puisque celui qui a tout d’un film de commande à la simple vue d’une promotion en manque d’extravagances, est en réalité un film dont l’idée a tout d’abord germé dans la tête de Scott Stuber, ancien dirigeant du département de production chez Universal Pictures. Producteur connu pour avoir financé et aidé le développement de films comme Les Stagiaires, La Rupture, Votre Majesté ou encore Ted, Scott Stuber a voulu mettre sa passion pour un sujet au service du cinéma, croyant qu’il y avait matière à faire un film important et nécessaire. Même si les films dont il fut producteur ne sont pas des d’œuvre absolues, il faut dire qu’il a eu du flair sur cette affaire qui n’avait encore jamais été exporté au cinéma. Basé sur le roman Kill The Messenger écrit par Nick Schou, mais avant tout sur la série d’articles écrits par Gary Webb, Secret d’État raconte une parcelle de l’histoire de ce journaliste qui c’est attaqué frontalement à la CIA en les dénonçant, comme étant responsables de l’entrée aux États-Unis de centaines de kilos de cocaïne.

Débutant avec le panneau : « Basé sur une histoire vraie », Secret d’État est un long-métrage qui se cache et se protège derrière ce panneau dès son premier plan, et ce, jusqu’à la scène finale. Avec Secret d’État, ne vous attendez pas à voir un thriller hitchcockien ou une enquête policière digne d’un film de Michael Mann. Convenu, mais surtout sans prétentions, le film de Michael Cuesta ne cherche pas à surprendre le spectateur par sa technique, ce qu’il veut avant tout, c’est l’informer. Avec un point de vue qui ne diffèrera à aucun moment, Michael Cuesta et son producteur Scott Stuber, souhaitent mettre en lumière une histoire dont on ne parle que trop peu, mais qui démonte bel et bien que le gouvernement américain et les agences avec lesquelles il travaille ne sont pas blancs comme neige. Ce n’est pas la nouvelle de l’année, mais c’est bien grâce au courage du journaliste Gary Webb que cette histoire éclata au grand jour et permis au peuple américain de s’immiscer au cœur des services secrets américains pour ne pas qu’ils puissent estomper les répercussions de cette affaire. Ce qu’il y a de foncièrement intéressant dans cette histoire, ce n’est pas de savoir que la CIA baigne dans des histoires toutes plus lugubres les unes que les autres, mais bien de découvrir un héros ordinaire, un personnage comme les autres, mais dont une enquête menée tambour battant va changer la vie à jamais. Gravissant les marches de l’échelle qui doit le mener à la tête de la CIA afin d’avoir la vérité sur l’implication ou non de la CIA dans des importations de drogues au cœur des États-Unis, le reporter croit effectuer son travail de journalisme, mais à partir du moment où son s’attaque à la CIA et de ce fait, au gouvernement, ça ne relève plus du journalisme, mais bien d’une attaque personnelle. Mêlant complots et jalousie destinée à faire tomber un journaliste trop ambitieux, ce Secret d’État tient la barre et emporte le spectateur dans une histoire intéressante, mais dont le propos de fond et le protagoniste auraient mérité une tout autre forme scénaristique.

Grâce à un montage dynamique qui divise son rythme en deux afin de bien séparer les scènes de discussion ayant pour thème central l’enquête de Gary Webb et les scènes relatant la vie quotidienne du journaliste, le film se regarde avec délectation et fonctionne du feu de dieu, mais il laisse au spectateur un goût amer en sortant de la salle. En effet, Secret d’État se contente de relater les faits conter dans le roman éponyme écrit par Nick Schou et n’essaye pas de voir plus loin en alternant les points de vues afin de dévoiler aux spectateurs le regard de la CIA et du gouvernement américain sur cette affaire qui a pour but de ternir leur image. Proche du protagoniste puisque restant avec lui dans les moments les plus importants comme les plus difficiles, le spectateur se lie au personnage et comprend le double message que souhaite faire passer le scénario, mais ce manque d’audace et de prises d’initiative dans l’écriture rend le film moins marquant d’un point de vue cinématographique comme émotionnel. De plus, au-delà du véritable journaliste qu’il était, Gary Webb a une histoire digne d’un personnage de fiction. Attaché à ce protagoniste, il aurait été apprécié par le spectateur d’avoir des scènes supplémentaires qui vont plus loin que le bout du roman Kill The Messenger et mettent en image les dernières répliques qui sont données noir sur blanc à l’aide de simples lignes écrites sur un fond noir. Ce manque d’audace et cette trop importante conformité au livre dont il est adapté, fait de Secret d’État un bon film, mais un film incomplet et frustrant.

Seulement second long-métrage signé Michael Cuesta, Secret d’État n’est pas celui qui va le faire connaître. Entre une mise en scène anecdotique qui n’a que pour but principal de servir et faire avancer l’histoire et une réalisation convenable, mais convenue à cause d’un cadrage qui se focalise essentiellement sur l’action et sur les acteurs, délaissant totalement le jeu avec les décors et environnements, Secret d’État possède la technique d’un film de commande auquel les producteurs auraient pu attaché n’importe quel jeune réalisateur n’ayant pas encore de véritable patte en tant que cinéaste. À cela on ajoutera une image aux teintes naturelles et à la photographie partiellement maîtrisée à cause de jeux de lumière inexplicables, mais ces détails vont dans le sens du film dans sa globalité, qui se veut basé sur une histoire vraie et donc retranscrire cette histoire avec le plus de vraisemblances possible. Un Jeremy Renner épatant et une histoire intéressante dans le fond, mais une forme convenue et un manque cruel d’audace font passé Secret d’État du film nécessaire au divertissement plaisant.

3/5

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