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[Critique] Prémonitions réalisé par Alfonso Poyart

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Synopsis : « Un tueur en série énigmatique sévit à Atlanta, laissant le FBI totalement désemparé. Quoi qu’ils fassent, les enquêteurs ont toujours un coup de retard, comme si le tueur pouvait anticiper leurs mouvements à l’avance ! En désespoir de cause, ils se tournent vers le docteur John Clancy (Anthony Hopkins), un médium retraité dont les visions les ont aidés dans le passé.En étudiant le dossier, Clancy devine rapidement la raison pour laquelle le FBI est incapable de coincer le tueur : ce dernier possède le même don divinatoire que lui. Comment dès lors arrêter un tueur capable de prévoir l’avenir ? Commence alors une partie d’échecs impitoyable. »


Prémonitions est le film type du début d’année scolaire. Long-métrage qui sort a cette période, car les distributeurs ne savent pas très bien comment le placer dans leur calendrier. En plein mois de septembre avec en face pléthore de films attendus avant la fameuse course aux Oscars entre novembre 2015 et février 2016, Prémonitions est presque sûr de faire un flop à l’international. Une promotion peu existante, les studios nous montrent qu’ils ne comptent pas énormément sur ce film. Il faut se le dire, avec un synopsis comme celui-ci, la première chose qui nous vient en tête est un fâcheux sentiment de déjà-vu. Néanmoins, le film possède les arguments pour attirer certains spectateurs. Ces derniers sont au nombre de deux et se nomment Colin Farrell et Anthony Hopkins. Un affrontement à la hauteur de nos espérances ?

Prémonitions est un film de longue date. Un film dont les scripts trainent dans les tiroirs des scénaristes depuis plusieurs années. La toute première version du scénario fût écrite en 2002 et à ce moment, il était question d’une suite au chef-d’œuvre de David Fincher, Seven. Oui, Prémonitions devait être une suite spirituelle à Seven, mais très rapidement, les scénaristes se sont tournés vers la création d’un film original. Ce qui n’est pas plus mal. Mais néanmoins, on ressent la volonté des scénaristes comme du metteur en scène, Alfonso Poyart de faire du David Fincher. Une ambiance assez oppressante, des personnages torturés, des environnements insalubres et surtout une envie de créer une atmosphère à chaque découverte d’un nouveau cadavre. On est pleinement au cœur d’un film qui souhaite faire du David Fincher, mais qui ne s’assume pas et dont le metteur en scène n’a pas le talent de ce dernier. Seconde réalisation de Alfonso Poyart après 2 Coelhos, film jamais paru en Europe, Prémonitions possède la majorité des problèmes de réalisation que peu posséder un premier film, voire plus. Un cadrage aléatoire, des mouvements de caméra inutiles, des zooms incompréhensibles, une caméra tremblotante et surtout une volonté d’utiliser des fioritures techniques pour rendre le film dynamique et moderne sans aucune raison.

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À l’image d’un Seven ou plus simplement d’un Deliver Us From Evil de Scott Derrickson, le film aurait pu se distinguer par son ambiance. Une atmosphère soignée et propre à chaque séquence. La photographie de Brendan Galvin fait le minimum syndical, mais réussi à amplifier les différentes atmosphères que possède le film. Alfonso Poyart n’est pas David Fincher, tout comme Brendan Galvin n’est pas Darius Khondji, mais contrairement au metteur en scène, le directeur de la photo réussie à offrir au film un visuel attrayant et convaincant. Le film est visuellement réussi et possède ses plans majeurs qui restent dans la tête du spectateur après la séance et qui viennent également amplifier l’ambiguïté des personnages. À cause de cette réalisation brouillonne, qui en réalité n’est autre que le cache-misère d’une mise en scène somme toute banale et sans originalité, le film perd en intérêt. Car oui, Prémonitions n’est pas un mauvais film. En plus d’une photographie convaincante, ainsi que d’une ambiance qui permet au spectateur de rester immergé dans cette enquête sombre et macabre, le film possède un certain intérêt scénaristique.

Derrière une enquête simpliste avec un enchaînement de meurtres, ainsi qu’une utilisation alambiquée et massive du don de voyance afin de pallier aux problèmes scénaristiques, se cache une réflexion intéressante sur la mort. Convenu et prévisible dans sa première partie qui n’est autre qu’une longue introduction afin de mettre en place le contexte ainsi que les différents personnages, le scénario prend une autre tournure dans sa seconde partie. Dès lors que le tueur en série n’est plus qu’une simple vision, mais devient une présence et prend place dans le champ, le film devient véritablement intéressant. Comment un tueur en série réussit lors d’un face à face, à se jouer du spectateur en tentant de devenir le gentil de l’histoire. Interprété par Colin FarrellCharles Ambrose est un personnage torturé croyant pleinement en sa vision des choses. Un personnage qui malgré des meurtres d’une froideur implacable, réussit à paraître sincère et humain dans sa démarche. Instigué par ce dernier, le propos sur la mort et la prise de conscience de sa mort prochaine est intéressant à développer, mais malheureusement il est réduit à une simple amorce en vue d’une confrontation finale. Une conclusion aussi pathétique que laborieuse. Un antagoniste omniprésent dans le film, même lorsqu’il n’est qu’une vision, qu’il n’est qu’en hors champ, hante par son aura le lieu du crime. Un personnage qui contrôle tout, qui à une longueur d’avance et la main mise sur chaque détails. À l’image d’un certain John DoeCharles Ambrose possède cette aura qui le rend inatteignable, semblant en permanence tout contrôler. Malheureusement, à l’image de la thématique sur la mort et sur ce qu’on pourrait rapprocher de l’euthanasie dans le but d’éviter à la personne de souffrir, le scénario ne va pas au bout de ses intentions. Un antagoniste qui est bon et remarquablement interprété, mais sous-exploité. Le rendant au final tout ce qu’il y a de plus banal. Frustrant, agaçant et sans surprise alors que le potentiel est bel et bien présent.

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En Conclusion :

Prémonitions est un film dont on n’attend rien, mais on va tout de même le voir pour son casting attrayant. Toujours aussi charismatiques, Anthony Hopkins et Colin Farrell portent le film et décuplent par leurs interprétations les personnalités ambigües de leurs personnages. Sauf qu’un duo d’acteurs ne fait pas un film, tant bien même que ce dernier développe une thématique intéressante, donnant encore plus de charme et une singularité à l’antagoniste. Brouillon dans ses idées de réalisation, simpliste dans sa première partie, une mise en scène plate, des cadres laborieux et un final décevant, font de ce long-métrage non pas un mauvais film, mais un film à potentiel complètement gâché. Un thriller qui a de la suite dans les idées, mais qui a besoin de donner à ses personnages un don de voyance, pour se faciliter la tâche. On n’est pas voyant, mais étrangement on avait presque vu venir que ça n’allait pas être le nouveau Seven.


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2 Commentaires

  1. Emmanuel 2015-09-10

    Caméra tremblotante à 200%, le réalisateur semble mal assuré et subit le poids de ses ainés, dont Fincher.
    L’histoire est peu passionnante mais heureusement la scène du bar entre Hopkins et Farrell rehausse le tout pour retomber comme un soufflé avec un final pathétique.
    Le sujet était bon mais cela ne suffit pas à en faire un grand film : il aurait fallu un réalisateur expérimenté avec une vraie vision (pour le coup et sans jeu de mots)… dommage !

    • Kev44600 2015-09-11 — Auteur d'un article

      On est du même avis et c’est finalement dommage, car il y a du potentiel notamment avec cette superbe séquence dans le bar comme tu le dis.

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