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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

[Critique] Mad Max: Fury Road réalisé par George Miller

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Synopsis : « Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s’est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement… »

En 1979, paraissent Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Alien Le Huitième Passager de Ridley Scott, mais également un film indépendant au petit budget de 400.000 dollars. Ce film se nomme Mad Max et même si le succès ne fut pas immédiatement présent lors de sa sortie aux États-Unis, le film deviendra culte dès 1981 et la sortie de The Road Warrior. Film qui n’a pas été nommé outre-Atlantique Mad Max 2 pour éviter qu’il soit catalogué comme la suite d’un film qu’aucun américain ne connaisse. Maintenant, Mad Max est reconnue comme une saga cinématographique qui aura marqué toute une génération et qui grâce à un metteur en scène de génie, va en marquer de nouvelle. Mad Max était passé de mode depuis déjà quelques décennies. On en parlait pour dire qu’il s’agissait du film qui a lancé la carrière de Mel Gibson, mais rien de plus. Il aura donc fallût attendre 36 ans pour que le phénomène sorte la tête de l’eau et nous offre ce que le cinéma a de plus beau. À savoir du spectacle, mais un spectacle intelligent et créatif.

En 1979, George Miller lança sa filmographie à toute allure avec un V8 que même le temps ne peut arrêter. Loin du film d’action violent auquel on pourrait s’attendre, Mad Max est un drame intimiste. Un film aux allures post-apocapytiques, mais dont l’essence narrative repose sur une histoire familiale jusqu’au moment où le chaos environnent va consumé Max de l’intérieur, ne lui laissant comme seul choix, la chevauchée solitaire au travers d’un monde ravagé par la bêtise humaine. 36 ans après, Fury Road n’a d’allures, plus grand chose du drame intimiste que pouvait être le film de 1979, mais là est la force de la saga. Chaque film est indépendant et chaque film peut se déguster de la même manière par chaque spectateur. Mad Max: Fury Road le premier. Course poursuite frénétique et jouissive de 2 heures, Mad Max: Fury Road raconte l’ascension d’une femme qui décide de fuir une cité contrôlée par Immortan Joe, emportant avec elle un bien qui doit rester secret, mais auquel ce dernier tient plus que tout. Sur ce propos de départ, aussi futile et simple puisse-il paraître, George Miller bâti une nouvelle mythologie.

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Une mythologie qui va voir apparaître un Max Rockatansky fantomatique, hanté par un passé mystérieux, mais dont l’aide va être prédominante pour que Furiosa ne perde pas totalement espoir en ce monde. A partir d’une course poursuite frénétique et éblouissante, George Miller conte une histoire aux sous-textes divers et aux thématiques qui le sont tout autant. Une plongée au cœur d’un désert aride où il n’y a de place que pour un maigre espoir, espoir que Max ne possède déjà plus. Il est question d’espoir, d’un espoir qui peut permettre de réaliser l’impossible, mais également le choc d’une rencontre entre l’arme autodestructrice qu’est Max Rockatansky et Furiosa. Créateur du personnage, George Miller est celui qui comprend le mieux ce Max, personnage rongé par la folie du monde dans lequel il vit. Max devient ici un fantôme, une arme. Il est celui par lequel tout peut arriver, mais qui peut aider ceux qui ne sont pas encore complètement rongés par cette folie. Véritable personnage principal de cette histoire, Furiosa est l’anti-thèse de Max. Deux personnages qui doivent s’appréhender, mais qui se complètent et grâce auxquels le bien peut surgir.

Une once d’espoir dans un cœur aride rongé par la folie. Alors que la verdure y était fortement présente, la folie qui était prédominante dans Mad Max était une folie démonstrative, une bêtise humaine. Un esprit rebelle qui passait par des looks improbables, déjantés et des personnages aux réactions à mi-chemin entre celle d’un l’humain et d’une bête. Fury Road progresse, mais ne démontre pas que la folie prédominante est la bêtise humaine. Ici la folie qui sert le film et ses personnages est une rage. Totalement endoctrinés par un Immortan Joe au fort charisme, les War Boys ont la rage de vaincre et feront tout pour devenir un martyr aux yeux de leur icône. C’est par l’endoctrinement et la dictature menée par un personnage qui contrôle les rations d’eau de sa cité, que la folie va devenir plus importante qu’elle ne l’était déjà. Une folie auto-destructice à laquelle souhaite mettre fin Furiosa, personnage féminin qui elle-même a été manipulée, mais qui va se servir de cette rage d’une autre manière. Un personnage féminin qui a le charisme et la volonté que peut de personnages féminin ont pu avoir dans le cinéma d’action à ce jour. Un film sur la résurrection qui passe par la mystification des personnages au travers non pas de dialogues, mais d’une mise en scène ingénieuse et d’une réalisation furieuse.

Film d’action survitaminé, Mad Max: Fury Road a la force d’être un film qui a l’espoir de pouvoir parler à un public extrêmement large qui va du cinéphile au spectateur qui va au cinéma pour voir du spectacle et se divertir. Après un passage par l’animation, le cinéaste australien démontre qu’il est encore plus aguerri qu’auparavant et qu’il peut allier le soin d’un cadre à la manière d’un The Road Warrior avec la décadence et l’irréalisme d’un Happy Feet. Un spectacle visuel de tous les instants où l’on passe de plans serrés sur les visages des protagonistes à un panorama au sein duquel une explosion ne sera qu’une fumée montante au loin. La grandeur de ce film et la précision de certains plans alors que nous sommes dans une course poursuite constante, prouve l’ingéniosité et le travail effectué par l’équipe du film. Par un soin apporté aux cadres, aux mouvements effectués par la caméra, qu’ils soient physiques ou non puisque les zooms vers les visages sont toujours aussi présents, George Miller dynamise son film et lui permet d’éviter toute redondance. Chaque séquence, chaque moment, chaque plan est différent. De plus, on observe un soin minutieux accordé au design des véhicules, permettant des jeux avec les caméras, mais également de diversifier l’approche de ce même véhicule, d’un point de vue purement action.

En Conclusion :

36 ans après avoir réinventé le cinéma d’action, George Miller le fait de nouveau. Mad Max: Fury Road marquera le cinéma d’action d’une pierre blanche avec l’efficacité et la décadence d’un jeune réalisateur de 30 ans, alors que réellement il en a 70. Original, créatif, audacieux, astucieux, mais avant tout explosif, brutal et viscéral, Fury Road est à la fois une claque graphique comme scénaristique. Car oui, traitant en sous texte aussi bien de la rage humaine, que de la solitude ou de l’écologie, le long-métrage repose sur un scénario qui ne laisse pas la place aux dialogues, mais dont les personnalités des personnages sont explicitées au travers de la mise en scène et du travail visuel. Mad Max: Fury Road revient à l’essence du cinéma, un cinéma avant tout visuel et qui prouve que par l’image l’on peut tout créer, même des rebondissements imprévisibles. Accentuant la dramaturgie et la décadence par une bande sonore mélangeant moments de bravoures à base de rock et électro rappelant le bruit rauque et métallique des carcasses de voitures, mais également de moments plus calmes qui amplifie les émotions et ressentis des personnages, Mad Max: Fury Road démontre qu’un film et un travail d’équipe. Sans cette équipe technique composée de Tom Holkenborg (Junkie XL) à la bande sonore, de John Seale à la photographie, de Jason Ballantine et Margaret Sixel au montage et de George Miller aux commandes, Mad Max: Fury Road n’aurait pas été l’objet cinématographique qu’il est.


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