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[Critique] Le Grand Jeu réalisé par Nicolas Pariser

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Synopsis : « Pierre Blum, un écrivain de quarante ans qui a connu son heure de gloire au début des années 2000, rencontre, un soir, sur la terrasse d’un casino, un homme mystérieux, Joseph Paskin. Influent dans le monde politique, charismatique, manipulateur, il passe bientôt à Pierre une commande étrange qui le replongera dans un passé qu’il aurait préféré oublier et mettra sa vie en danger. Au milieu de ce tumulte, Pierre tombe amoureux de Laura, une jeune militante d’extrême gauche; mais dans un monde où tout semble à double fond, à qui peut-on se fier ? »

C’est donc le 20 novembre 2015 au soir que c’est officiellement achevé l’édition 2015 du Festival International du Film d’Amiens. Un festival qui se prolonge encore le temps d’une journée de rattrapage, mais qui a pris fin lors de la cérémonie de clôture. Cérémonie qui a enchaîné avec la projection du film de clôture. Un film en avant-première qui répond au nom : Le Grand Jeu. Premier long métrage réalisé par Nicolas Pariser, ce dernier n’est pas un inconnu pour le festival. Il y a déjà présenté deux moyens métrages en sélection officielle et notamment La République, primé entre autres au Festival de Locarno. Cette année, il a présenté son premier film, un film intéressant sur le papier et au casting assez prestigieux. Il faut dire que l’année 2015 est placée sous le signe des révélations. Le Tournoi, Lost RiverEnragés, Ni le Ciel Ni la Terre pour ne citer qu’eux, sont des premiers films surprenant dans le bon sens du terme. Qu’en est-il de ce nouveau long-métrage, est-il l’exception qui confirme la règle comme on aime le dire ?

Malheureusement pour le réalisateur, l’exception est bien là. Le Grand Jeu est un film social et politique qui souhaite mettre le spectateur face à une vérité politique. De quoi regorge le monde politique et qui sont réellement les personnes qui le moulent à leur image ? Pierre Blum, protagoniste du long-métrage, est un écrivain oublié qui souhaite maintenant vivre en marge de la civilisation. Social, mais pas amateur de la vie citoyenne, il préfère vivre sa vie comme bon lui semble, sans avoir à demander ou chercher l’aide, tout du moins psychologique ou amical d’une personne. User d’un protagoniste vivant en marge de la société va permettre au film d’être façonnée telle une plongée du spectateur au cœur du monde politique. Le spectateur va s’identifier au protagoniste et découvrir en même temps que ce dernier les travers du monde politique en répondant affirmativement ou négativement aux propositions qui lui sont faites. Le Grand Jeu est un film qui s’appuie sur des thématiques politiques et sociales ambitieuses et intéressantes. À partir d’une rencontre, puis d’une plongée au cœur du monde tendancieux de la politique, le scénario va rapidement en dégager un questionnement sur l’idéologie marxiste pour en aboutir à ce qui sera sa problématique centrale.

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L’idéologie marxiste qui s’affirme comme une opposition au capitalisme et affirme qu’il faut s’engager dans la lutte des classes pour avoir gain de cause et obtenir cette liberté que l’on n’aurait pas actuellement. Une idéologie fondée sur l’acte, qui pousse l’homme à se révolter, à devenir révolutionnaire face au capitalisme. Mais est-ce véritablement nécessaire ou la bonne chose à faire ? Une problématique qui est forte et pleinement d’actualité, mais qui au final ne fait qu’ensevelir le film sous l’idée infondée et pleinement fausse que le seul moyen de se révolter passe par le militantisme d’extrême gauche. Le scénario de ce film s’engouffre au fur et à mesure de son développement dans le fondement d’une idée infondée auquel il souhaite faire croire le protagoniste et les spectateurs. Le cinéma est un média culturel de divertissement qui peut faire croire à l’impossible. Faire vivre aux spectateurs des aventures surréalistes et user de personnages réalistes pour faire passer des messages ou morales, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. C’est un média extrêmement fort dans lequel un cinéaste peut également se faire prendre au piège. Chose qui est arrivée à Nicolas Pariser.

Basé sur l’opposition des actes révolutionnaires internes et externes, du monde de la politique face au militantisme, le scénario prend rapidement parti pour l’un ou pour l’autre en suivant les actes de son personnage. Des actes qui peuvent paraître réalistes puisqu’en adéquation avec la psychologie du personnage qui est de fuir en permanence, mais qui finalement ne le sont en rien. On reste face à de la psychologie de comptoir avec des personnages clichés et caractérisés suivant des clichés. En prenant parti pour l’un des deux opposants au débat, Nicolas Pariser fait passer un message avec lequel l’on peut être en accord ou en désaccord, mais il se fait avant tout prendre à son propre jeu. Le Grand Jeu est un film qui dénonce les magouilles politiques et les actes qui peuvent avoir des répercussions sur les honnêtes gens, mais qui n’a aucun moment n’ose créer sa propre révolution. Un film qui, à l’image de son protagoniste, se réfugie derrière celui qui semble être à un moment donné, la personne ou le groupuscule qui a les cartes en mains. Par sa mise en scène minimaliste et ses longues discussions en plans-séquences, le scénario a tous les atouts pour développer des arguments dans le but de défendre un des deux, voire les deux partis du débat. Ce qu’il fait uniquement en surface, avec deux longues discussions qui ne sont finalement que les moments clefs du film alors qu’elles devraient être des éléments déclencheurs. Un discours finalement vain et un film qui aura simplement posé les bases d’un débat auquel il prend parti, mais ne défend pas son point de vue, il le fuit.


En Conclusion :

Vainement réaliste par sa direction de la photographie naturaliste et audacieux dans sa mise en scène minimaliste, ce qui permet aux acteurs de démontrer l’étendue de leurs talents, Le Grand Jeu est un film qu’on aurait aimé défendre. Le trio formé par Melvil Poupaud, André Dussollier et Clémence Poesy porte le film tant bien que mal et réussi à apporter une once de naturel à des personnages fades et clichés. Des personnages qui ne rendent pas hommage à ces comédiens talentueux. Un premier film qui pose les bases d’un débat et qui avait toutes les cartes et les idées pour développer un argumentaire fort et décontenançant. Finalement, mis à part deux longues discussions qui défendent chacun leur tour leur point idée de la révolution, le film est d’une banalité affligeante. Entre les clichés sur les différents partis politiques ou les militants, la caractérisation des personnages, la fuite sans cesse de l’adversité et une fin difficile à caractériser, c’est un joli festival. Dommage de gâcher une si bonne base scénaristique et un casting aussi prestigieux avec un film bâclé. Aussitôt vu aussitôt oublié.


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1 Commentaire

  1. guetta 2015-12-18

    oui,effectivement trés trés moyen.

    peut mieux faire.

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