CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Bright réalisé par David Ayer [Sortie de Séance Netflix]

Synopsis : “Dans un monde contemporain alternatif, humains, orcs, elfes et fées coexistent depuis le début des temps. Défiant les genres, Bright est un film d’action qui suit deux policiers issus de milieux différents, Ward et Jakoby. Confrontés aux ténèbres lors d’une patrouille nocturne de routine, ils voient leur avenir et leur monde se métamorphoser à jamais.”


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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« From the director of Suicide Squad and End of Watch »

Si en 2014 David Ayer était pour beaucoup un cinéaste à suivre grâce à une cohérence artistique et à des œuvres cinématographiques percutantes telles de Training Day et Bad Times, en tant que scénariste, ou encore End of Watch et Fury sur lesquels il officiait en tant que scénariste et metteur en scène, cette image n’est cependant plus que l’ombre d’elle-même. 2016 fut pour lui l’année du chaos, l’année de la sortie du film Suicide Squad. Suicide, aussi bien cinématographique que médiatique pour les studios Warner Bros qui depuis ne font qu’enfoncer leur ambitieux DC Univers dans les limbes d’un cinéma sans identité propre, mais pas uniquement. Si les studios Warner Bros se sont tirés dans le pied avec Suicide Squad, celui qui en a payé les frais n’est autre que le réalisateur: David Ayer. En l’espace d’une semaine (temps que sorte le film à l’international), les studios Warner Bros ont réussi l’exploit de réduire à néant l’image de ce cinéaste cependant pas à oublier ou à ranger dans le même tiroir que le précédent film susnommé. Si le studio américain l’avait bridé et avait bridé sa vision de cinéaste dans le but d’attirer un public plus large dans les salles de cinéma, il n’en est pas de même du côté de la plate-forme de streaming légale Netflix. 90 millions de dollars de budget, un casting bancable porté par Will Smith, Joel Edgerton, Noomie Rapace, et la possibilité de réaliser le film tel qu’il le désire. Faut-il encore que le produit fini soit qualitativement suffisamment bon pour permettre au cinéaste de se refaire un nom et que soit oubliée la catastrophe de 2016.

Disponible depuis le 22 décembre 2017 sur les catalogues Netflix du monde entier, Bright s’est fait détruire par la critique dès la veille de sa sortie. « Le blockbuster Netflix est un désastre » (Les Inrocks), « An Abysmal Mash-Up Of ‘Legend Of Zelda’ & ‘Training Day’ » (The Playlist), « is the single worst movie of 2017 », « There’s boring, there’s bad, and then there’s ‘Bright’ » (Indiewire)… florilège de critiques françaises et américaines négatives sur le film. La presse n’a, majoritairement (puisque subsiste tout de même quelques avis mitigés, voire positifs), pas été agréable envers cette nouvelle production originale Netflix, et ce, malheureusement à raison. Si Bright n’est pas une purge ou un blockbuster exécrable tel qu’on en voit tous les ans, pour ne pas dire tous les mois, il a néanmoins un défaut et non des moindres qui entachent le plaisir de visionnage et la qualité du film dans sa globalité. Ce défaut n’est autre que le scénario. Écrit par un certain Max Landis (on pourrait s’arrêter à ce nom, vous avez surement déjà compris pourquoi le scénario est mauvais), le scénario repose sur des archétypes éculés et dont le spectateur c’est lassé depuis des années. Deux personnages que tout oppose, vont se retrouver au cœur d’une, pour ne pas dire plusieurs, prophéties à laquelle ils vont bien évidement être plus ou moins liées. Un pitch de film qui, en plus de ne pas foncièrement donner envie d’en voir plus, est à l’exactitude, celui de films de renoms tels que Matrix pour ne citer que lui dans le registre de la science-fiction. Films qui ont marqués des générations entières… il y a déjà vingt ans de ça. Si l’on cherche bien, et ce, notamment du côté de la littérature, on peut aisément remonter au début du XXe siècle. Une histoire éculée, des rebondissements grossiers, des dialogues caricaturaux qui n’aident pas à l’attachement émotionnel du spectateur envers les personnages ou ne serait-ce qu’à la création d’une once d’empathie, ainsi qu’une morale sur le respect de l’autre qui se veut bienveillante et dans l’air du temps, mais qui n’est en réalité qu’un prétexte pour réutiliser des codes déjà surexploités dans le cinéma hollywoodien.

À partir de là, difficile de ne pas comprendre les retours et avis négatifs sur le film, tant son scénario le tire vers le bas. Cependant, il n’est pas que ça et subsiste derrière un metteur en scène de talent qui réussit tant bien que mal à faire de ce Bright un film pop-corn loin d’être désagréable. Après trente minutes d’introduction et de contextualisation qui servent à introduire les personnages et à présenter l’univers au spectateur, David Ayer se lâche et laisse parler la poudre à défaut de faire sortir de belles punchlines à ses personnages. Si l’histoire n’est en rien palpitante, le scénario a le mérite de poser les bases d’un univers dont le metteur en scène va pouvoir se servir afin de justifier les capacités (force, souplesse, pouvoirs…) propres aux différentes races présentes au sein de cet univers. Humains, Orcs, Elfes et Sorcières, quatre races aux habilitées disparates, même si pas originales, qui vont s’affronter dans le but de récupérer un artefact. Originalité quand tu nous tiens. L’intérêt de ce scénario est d’apporter une cohérence et de permettre au metteur en scène de justifier les scènes de combat, qui vont de ce fait reposer sur des chorégraphies spectaculaires pour les scènes au corps à corps et des séquences explosives pour les moments de gunfights. Les séquences d’action s’enchaînent une heure trente durant, pour le plus grand plaisir du spectateur qui n’en demandera pas plus. Excellent faiseur, David Ayer n’a pas recours à la facilité du « chaos cinéma » (sur le plan visuel néanmoins) avec un découpage de qualité et un montage qui n’entache en rien la compréhension des plans et la lisibilité de l’action. Les angles de caméras choisis sont judicieux et même s’il n’est pas visuellement parlant ou doté d’une mise en scène significative, cette dernière est suffisamment bien travaillée pour embellir l’action et héroïser ses personnages. Personnages interprétés par des acteurs impliqués qui ajoutent une couche non négligeable afin de rendre cette action toujours plus jubilatoire.

Pas aidé par un scénario désastreux, David Ayer s’en sort avec les honneurs et prouve qu’il a encore de belles idées et un talent certain. Un excellent faiseur, tant dans le domaine de la réalisation grâce à de belles idées de mouvements et angles de caméras choisi que de la mise en scène avec une direction d’acteur de qualité, mais qui semble se déposséder de plus en plus de ce qui faisait son identité en tant que cinéaste. Une identité encore ici présente par le biais des conflits raciaux, de cette ambiance crasseuse et de l’utilisation des forces de l’ordre, mais quelque peu décrédibilisée à cause des choix musicaux beaucoup trop lourds (signification et écoute). En subsiste pas moins un film qui n’est en rien le pire film de l’année ou la pire des productions Netflix. Avec Bright, David Ayer signe un film pop-corn aux séquences d’action jubilatoire grâce à une réalisation de qualité et un montage qui préconise la bonne lisibilité de l’action à la création artificielle de dynamisme par le découpage. À cela, on ajoutera un mot sur l’excellent travail d’éclairage réalisé par Roman Vasyanov, chef opérateur attiré de David Ayer depuis End of Watch. Un travail basé essentiellement sur l’utilisation de lumières artificielles (néons, lampes torches…) qui dénotent et font office de contrepoint visuel face aux décors crasseux et délabrés que vont parcourir les personnages. Des lumières et jeux de lumière dynamique qui donnent un cachet au film, en plus d’inculquer une crédibilité aux personnages par le biais d’ombres sur les visages par exemple (une ombre peut renforcer une expression, renforcer la caractérisation du personnage…). Si sur le plan scénaristique c’est un désastre, formellement, Bright est une belle réussite qui permettra aux amateurs de films pop-corn et d’action, de passer un bon moment qui sera malheureusement vite oublié.

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