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Brice 3 (Critique | 2016) réalisé par James Huth

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Synopsis : « Brice est de retour. Le monde a changé, mais pas lui. Quand son meilleur ami, Marius, l’appelle à l’aide, il part dans une grande aventure à l’autre bout du monde… Les voyages forment la « jaunesse » mais restera-t-il le roi de la casse ? »

Le 5 avril 2005 débarquait dans les salles de cinéma de France une vague inattendue. Une vague jaune a déferlé dans les cinémas de France avec pas moins de 4.4 millions de spectateurs pour une comédie réalisée par James Huth et avec dans le rôle principal Jean Dujardin. Jeune acteur qui a l’époque était majoritairement connu pour son rôle dans la série Un Gars, Une Fille. À noté que celui qui deviendra quelques années plus tard, un des portes-drapeau de la France à l’international, avait déjà prouvé être capable de jouer dans des films de divers registres. Notamment par le biais de son rôle dans le film réalisé par Nicolas Boukhrief : Le Convoyeur, dans lequel il jouait aux côtés d’Albert Dupontel. C’est donc en 2005 que fût lancée la grande carrière de Jean Dujardin. Personne n’attendait ce Brice de Nice. Littéralement enfoncé par la critique spécialisée, personne ne s’attendait à un tel raz-de-marée, mais il faut croire que le personnage était suffisamment fort pour porter le projet et faire de cette petite comédie, un film culte pour toute une génération. Onze ans après, l’équipe derrière le premier film revient avec une suite que l’on attendait plus. Jean Dujardin semble vouloir s’amuser et revenir aux fondamentaux. Plus que le film en lui-même, c’est voir de quelle manière cet acteur, aujourd’hui auréolé entre autres de l’Oscar du Meilleur Acteur, est capable de chausser de nouveau les chaussures jaunes de ce personnage au grand cœur, mais avant tout joueur, charrieur et grand admirateur de Bodhi, protagoniste du film réalisé par Kathryn Bigelow : Point Break.

Brice de Nice était une comédie simpliste, mais au personnage suffisamment fort et bien interprété pour enivrer une audience. Personnage créé au départ pour la scène, lorsque Jean Dujardin se produisait entre autres avec ses comparses des Nous Ç Nous, Brice avait déjà le background pour devenir un personnage de film. Personnage au grand cœur, mais naïf, car vivant dans son propre monde et loin de la réalité qui l’entoure. Un fils à papa qui, par la force des choses, va devoir s’intégrer et ne plus vouloir avant tout s’amuser et casser les autres. Là où Brice de Nice disposait d’un scénario au récit linéaire et conventionnel au possible, se reposant essentiellement sur son personnage et les rencontres qu’il allait pouvoir faire au travers de son aventure, presque existentielle, Brice 3 casse les codes. James Huth et Jean Dujardin, tous deux co-scénaristes du long-métrage, ne s’en cachent pas : l’histoire du film n’est qu’un prétexte. Un prétexte afin de permettre à Brice toutes les extravagances possibles et inimaginables. Brice est un personnage hors normes, un personnage qui a une excellente répartie et à l’égo surdimensionné. Entre Brice de Nice et Brice 3, le personnage a 11 ans de plus, mais a mentalement, 11 ans de moins. Proche d’un Deadpool dans son concept, Brice 3 est un film à sketch assumé, s’assumant tellement dans sa bêtise et dans son double aspect méta qu’il en devient imprévisible et de ce fait, hilarant.

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Brice 3 est une comédie populaire, une comédie qui peut plaire au plus grand nombre et peut avoir un succès indéniable grâce à cette absurdité assumée et ses quelques passages de burlesque permis par l’aspect méta utilisé dans le storytelling. Brice a toujours cette répartie faisant de lui un sniper de talent. Pas surprenant qu’un certain Laurent Baffie ait contribué à l’écriture des dialogues. Il casse à tout va, prenant chaque personne de haut. Enfants, adultes, spectateurs… tout le monde en prend pour son grade. Brice n’a aucune limite et les deux scénaristes ont su donner à ce personnage un film à son image. Un film conté et donc créé par un personnage à l’égo surdimensionné, qui n’hésitera pas à se donner une image, une allure plus belle que celle qu’il aurait pu avoir en temps normal, avec un récit normalisé et balisé. C’est grâce à cette absurdité constante et son aspect méta joliment maîtrisé, que Brice 3 réussi le tour de force à faire rire et à captiver sans avoir d’histoire intéressante à conter.

Enchaînement de sketchs et de vannes à ne plus avoir de souffle dans sa première partie, l’absurdité de ce Brice 3 s’essouffle dans une seconde partie « plus sérieuse ». Une seconde partie au travers de laquelle le titre du film prend tout son sens et où Brice va devoir se remettre en question, laisser sa place à Jean Dujardin. L’aspect théâtral de la première partie du film laisse place à une réflexion autour de l’acteur et de sa volonté d’endosser de nouveau le costume du surfeur de Nice. À ce moment, le long-métrage accuse d’un léger passage à vide, un léger ventre mou après 45 minutes sans retenue. Mais là où il va perdre en absurdité, il va gagner en tendresse et en poésie. Contrairement au duo Éric et Ramzy qui n’ont su dans le second film, donner une humanité et un regard tendre envers leurs personnages de La Tour Montparnasse Infernale, Jean Dujardin surprend agréablement. Il est indéniable qu’il aime ce personnage, faisant transparaître cet amour au travers de l’image. Brice est un enfant gâté vivant dans son monde jaune idyllique loin des crises que peut connaître notre monde, mais il n’est pas traité comme tel. Bien au contraire.


En Conclusion :

Brice 3 où comment sortir du carcan dans lequel s’enferme la comédie française. Brice casse les codes et s’offre à lui-même une comédie absurde qui s’assume complètement et que l’on assume aimée. Les vannes s’enchaînent, les répliques fusent et la répartie cassante de Brice n’a jamais été aussi aiguisée. Drôle et inspirée, malgré une histoire prétexte, mais sauvé par son absurdité sans limites et un double aspect méta maîtrisé, permettant aux scénariste et au réalisateur de faire tout et n’importe quoi. Un n’importe quoi inimaginablement drôle. Jean Dujardin s’amuse, ne se prend pas au sérieux et délivre une prestation endiablée portant le film à bout de bras et sans forcer. On notera également le dynamisme du montage permettant aux sketchs de s’enchaîner les uns après les autres sans temps morts, ainsi que les quelques bonnes idées de mixage sonore amplifiant l’absurdité et le surréalisme de quelques séquences. Brice 3 …parce que le 2 je l’ai cassé ! n’est pas le film de l’année, n’est pas un grand film, mais s’avère être avec surprise, une excellente comédie devant laquelle j’ai ri comme je ne l’avais pas fait depuis très longtemps au cinéma !

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