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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Blood Father (Critique | 2016) réalisé par Jean-François Richet

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Synopsis : « John Link n’a rien d’un tendre : ex-motard, ex-alcoolique, ex-taulard, il a pourtant laissé tomber ses mauvaises habitudes et vit reclus dans sa caravane, loin de toute tentation.
C’est l’appel inattendu de sa fille Lydia, 17 ans, qui va lui faire revoir ses plans de se tenir tranquille…
Celle-ci débarque chez lui après des années d’absence, poursuivie par des narcotrafiquants suite à un braquage qui a mal tourné.
Lorsque les membres du cartel viennent frapper à la porte de John, ils sont loin de se douter à qui ils ont affaire… »

Jean-François Richet fait parti de ces réalisateurs français ambitieux et amateurs de cinéma de genre et de thriller, mais qui, à cause d’un système trop craintif ont dû partir faire leurs gammes à l’étranger. Reconnu pour avoir réalisé les films Ma 6-T va crack-er puis De L’Amour avec Virginie Ledoyen, c’est en mettant en scène aux États-Unis le remake du film culte de John Carpenter, Assaut (ndlr : Assaut sur le Central 13), que le réalisateur français va se faire un nom à l’étranger. Son diptyque consacré au criminel Mesrine lui permettra de se faire également un nom dans son pays natal, mais il faut croire que le succès populaire comme critique de ce diptyque ne sera pas suffisant pour les maisons de productions et producteur. Son ambitieux projet en deux parties consacré au Général La Fayette – qui devait être incarné par Vincent Cassel – n’a jamais réussi à aboutir, résidant malheureusement toujours au fin fond d’un tiroir. C’est l’année dernière (ndlr : 2015) que le réalisateur a fait son retour dans nos salles françaises avec Un Moment d’Égarement, comédie dramatique loin de ce à quoi il nous avait habitué, ressemblant de prêt à une commande de la part du producteur Thomas Langmann (ndlr : fils de Claude Berri, réalisateur du film dont celui-ci est le remake). Un film, qui malgré des qualités lui permettant de ne pas être mauvais, s’avérait être agaçant à cause de ressorts scénaristiques indigents et dialogues insupportables. Dialogues co-écrits par Liza Azuelos, ça ne s’invente pas ! C’est donc finalement sans surprise que le metteur en scène français revient cette fois avec un projet américain. Un nouveau film qui ressemble encore et toujours à un film de commande, à l’image de son prochain nommé Twice qui ne sera autre qu’une production EuropaCorp. Un film peu ambitieux sur le papier, mais qui se rapproche du cinéma qu’il semble aimer, ce qui nous fait l’attendre avec une once d’impatience malgré tout. Que nous réserve finalement ce Blood Father, long-métrage vendu comme un simple film d’action sous testostérone proclamant le « Grand » retour de Mel Gibson en tête d’affiche, après une longue période à vide.

Projeté en Séance de Minuit à l’occasion de la 69e édition du Festival de Cannes, Blood Father n’a que très peu fait parler de lui depuis ce moment. Deux affiches internationales et une affiche française, ainsi qu’une simple bande-annonce sous-titrée en français. Une promotion des plus pauvres, avec une sortie à la fin de l’été 2016 afin d’éviter tous les blockbusters estivaux. Dommage vu la piètre qualité de ses derniers, le film aurait peut-être pu trouver son public, ce qui va être assez difficile à faire en un 31 août, veille de rentrée scolaire. A la simple vue de l’affiche présentant Mel Gibson entouré de débris et de flammes, ainsi qu’au visionnage de la bande-annonce explosive et dynamique, l’on s’attend à voir une série b quelque peu « old school » et surtout riche en action et explosions. Ce qui n’est bien évidemment… pas le cas. Si Blood Father est bel et bien un film que l’on pourrait qualifier de « old school » grâce – ou à cause – de son scénario caricatural, de la caractérisation de ses personnages et du background dans lequel se situe l’action, il n’est en aucun cas un film riche en action. Blood Father est un drame familial entre un père et sa fille dans lequel vont venir s’incrémenter quelques fusillades et scènes d’action violentes et pêchues. L’action vient rythmer le récit, lui ajouter du punch et de la violence, une violence parfois brutale tant physique que verbale, mais ce n’est pas elle qui est centrale au récit. Procédé contraire à un film comme Jason Bourne par exemple qui lui, utilise son action pour enrichir son histoire.

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Blood Father raconte l’histoire d’un père de famille qui tente désespérément de revenir à la raison, laissant loin derrière lui son passé de biker, détenu de prison et alcoolique notoire. Sa fille, disparue depuis plusieurs années, va refaire surface apportant avec elle un lot d’ennuis conduisant John Link à reprendre les armes. Une histoire des plus conventionnelles pour un film qui l’est tout autant. Qui dit conventionnel, ne dit pas pour autant mauvais ou insignifiant. Bien au contraire, sous ses aspects de revenge-movie endiablé, Blood Father recèle une histoire de rédemption touchante grâce à un soin accordé à la mise en scène de la relation père/fille. Relation, qui, va se construire en filigrane et prendre de l’ampleur au fur et à mesure de l’avancée du film. Même si simple, elle ne va pas pour autant simpliste grâce à la caractérisation torturée du protagoniste. Mel Gibson incarne ici avec force et charisme, le personnage type provenant directement du cinéma d’action des années 70/80. Un personnage au passé trouble, cherchant à se sortir de ce passé, mais qui rattrapé par les événements va devoir replonger.

Plongée en territoire hostile dont il ne sortira définitivement pas indemne et qui va le sortir de ses gonds. Ses répliques sont brutales, cinglantes et violentes. Elles décrivent aux spectateurs un personnage qui sortit sans s’y attendre de la zone de confiance qu’il était en train de créer, n’arrive plus à se contrôler, ne sait plus quoi faire. Il a maintenant quelque chose à perdre avec le retour de sa fille, mais son impulsivité et l’adrénaline font, qu’il ne va pas forcément s’en rendre compte quitte à prendre des risques mortels. Le charisme indéniable de l’acteur décidé à reprendre du poil de la bête et à démontrer qu’il est encore capable de porter un projet cinématographique aide par ailleurs à rendre ce personnage plus fort et charismatique. Jean-François Richet réussit par sa simple mise en scène à créer des moments de tension, un véritable background à son protagoniste sans avoir à jouer avec un système de flashbacks et à le caractériser de façon à ce qu’il porte littéralement le film. Sa fille, Lydia incarnée par Erin Moriarty ne va malheureusement n’être qu’un simple prétexte, un simple élément déclencheur à l’histoire.

Drame touchant incrémenté par des scènes d’action redoutables, mais vendu comme un film d’action et dont le montage et le découpage nous porteraient à croire que la société de production a voulue faire de ce drame un véritable film d’action du dimanche soir. Un film à la courte durée, intense et dont les séquences s’enchaînent à la va-vite, avec des coupes ne laissant pas le temps aux plans et à la mise en scène de Jean-François Richet de gagner en intensité. Tout va très vite, trop vite, beaucoup trop vite. Pas à cause de scènes ou de plans manquants, mais à cause d’un découpage saccadé et intempestif. Sans aller jusqu’à ruiner le film, il va néanmoins estropier l’émotion et le travail réalisé par l’équipe technique, le metteur en scène en tête. Il aurait fallût faire durer les plans et ne pas chercher à aller au plus vite vers l’action, puisque là n’est pas l’important.


En Conclusion :

Après s’être essayé au genre avec un film plus léger nommé Un Moment d’Égarement, Jean-François Richet signe son drame le plus réussi avec ce Blood Father. Vendu comme un film d’action, Blood Father est en réalité un drame dont les quelques scènes d’actions brutales et nerveuses vont venir dynamiser le récit et permettre au caractère du protagoniste d’évoluer. Interprété par un Mel Gibson charismatique, ce dernier ne fait pas dans la dentelle et offre à son personnage une réelle folie non négligeable. Son histoire conventionnelle et balisée ne permet cependant pas au film d’aller là où on ne l’attends pas ou de surprendre. Ce qu’il fait, il le fait cependant très bien, offrant aux spectateurs un beau film avec en guise de cerise, un climax des plus efficaces. On regrettera malgré tout, un montage beaucoup trop nerveux et un découpage à la truelle, tentant de faire de ce drame ce qu’il n’est indéniablement pas, à savoir, un film d’action !

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