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American Nightmare : Elections (Critique | 2016) réalisé par James DeMonaco

American-Nightmare-Elections-The-Purge

Synopsis : « Une sénatrice américaine se lance dans la course à l’élection présidentielle en proposant l’arrêt total de la Purge annuelle. Ses opposants profitent alors d’une nouvelle édition de cette journée où tous les crimes sont permis pour la traquer et la tuer… »

Chaque année, une nuit permet à toute personne présente sur le sol américain de faire ce qu’il souhaite. Tous les crimes punis par la loi en temps normal deviennent légaux, et ce, 12 heures durant. Bienvenue dans ce monde alternatif, bienvenue dans les États-Unis de American Nightmare. Ces États-Unis où a été mis en place cette nuit faite, pour que tout à chacun puisse exulter et libérer leurs pulsions les plus meurtrières. De notre côté, dans notre bonne vieille réalité ce n’est pas la purge qui est devenue une tradition, mais bien la sortie annuelle d’un film American Nightmare. Après avoir cherché à faire découvrir l’horreur de la purge depuis le cœur d’une famille américaine, la licence c’était offert avec American Nightmare : Anarchy une petite virée nocturne dans les rues malfamées de New York. Un opus qui embrassait avec férocité son concept et la violence de ce dernier, dévoilant l’horreur de cette nuit sanglante et les actes de terreur dont pouvaient faire preuve les résidents américains. Une suite loin d’être parfaite, qui aurait mérité d’être encore plus folle afin d’offrir à ce concept de la purge le film mérité, mais qui réussissait avec efficacité à nous faire oublier un médiocre et ennuyant premier opus. Avec American Nightmare : Élections, la licence s’attaque à quelque chose de plus gros. Et si, cette série b s’avérait être un film plus réfléchie qu’elle ne le laisserait paraître ?

Comme on avait pu le voir avec le premier opus, développer le concept de la purge par le biais d’un remake mal déguisé d’un film culte – Assaut de John Capenter en l’occurrence – n’était pas la meilleure des idées. L’idée était bonne, mais frustrait le spectateur à la recherche de sensations fortes. Frustrait le spectateur qui souhaitait savoir ce qui pouvait bien se dérouler dans les rues de New York, si cette purge était aussi violente et sanglante qu’on nous le faisait croire. James DeMonaco – réalisateur et scénariste des trois films – l’a bien compris et a pu de cette manière, permettre aux spectateurs de partir à l’assaut des rues de New York dans un deuxième opus plus trash et violent, tout en restant malheureusement, accessible à un grand nombre. Une série b qui ne laissait plus de place au doute : l’homme est à la recherche de sensations fortes et sa curiosité morbide le pousse à commettre les meurtres les plus barbares durant cette nuit de purge. Avec ce troisième et peut-être dernier opus, James DeMonaco n’a plus de contraintes. Plus besoin de contextualiser et de présenter la purge, devenue une tradition américaine, ni de dévoiler ce qui attend les curieux qui oseraient rôder de nuit. Le metteur en scène va donc s’émanciper de tout ça et axe le récit de son nouveau film autour du monde des politiciens, ainsi que sur la nécessité de la purge. En abordant le problème politique, James DeMonaco donne une autre dimension à son film et permet de faire des parallèles on ne peut plus nécessaires avec une actualité des plus tragiques.

Purge: AssassinsPurge, The, Election Year (2016)


Au-delà de sa volonté d’offrir aux spectateurs un film de divertissement efficace, au rythme frénétique et aux scènes d’actions toujours plus violentes, American Nightmare : Élections va user de cette violence et du concept de la purge pour pointer du doigt les politiciens et leurs discours abjects, ainsi que le lobbying des pro-armes à feu américain. Véritable course poursuite, le film conserve tout du long le point de vue du garde du corps de la sénatrice prise en chasse par des assaillants dont les identités ne nous sont en aucun cas cachées, prouvant la volonté du scénariste de prendre parti et de dénoncer. Dénoncer, mais sans pour autant faire dans la dentelle. Aussi subtil qu’un blockbuster à 200 millions de dollars réalisé par Michael Bay – par ailleurs producteur de ce film – le long métrage ne cache pas ses intentions. Le scénario va soulever des questions, mais ne va pas chercher à approfondir le développement des réponses. Même si majoritairement conventionnelle et en pilotage automatique, à l’image de la réalisation qui manque d’audace et de liberté (trop de plans serrés qui se focalisent sur l’action pour permettre la création d’un montage fluide et dynamique), c’est par sa mise en scène que James DeMonaco va réussir à surprendre et à approfondir sa dénonciation. De légères fulgurances permettant d’appuyer les propos tenus que ce soit sur le lobby des armes à feu, ainsi que sur les politiciens véreux faisant des armes et de la violence un argument électoral.

Que serait dorénavant un film American Nightmare sans Frank Grillo ? Après un passage éclair, même si remarqué sans être remarquable par le Marvel Cinematic Universe, c’est dans cet exercice qu’il excelle le plus. Exercice qui consiste à être un sous Frank Castle. À l’image d’un Gérard Butler dans La Chute de La Maison Blanche ou de Londres si vous préférez, il est là pour protéger et servir. Si entre-temps il peut tuer à tout va, ça lui convient parfaitement. Personnage sous développer et dont l’histoire personnelle n’a rien de marquante ou touchante, il a le mérite de porter le film à bout de canon. « Badass » serait le terme qui lui correspondrait le mieux au travers de ce film qui fait de son personnage le protagoniste, là où dans American Nightmare : Anarchy il n’était qu’un citoyen souhaitant purger, parmi une dizaine d’autre. L’on conserve son point de vue et la relation professionnelle qu’il peut avoir avec la sénatrice apporte son petit quelque chose au récit et à l’immersion du spectateur au cœur de ce dernier, aussi insipide et sans surprises soit-elle.


En Conclusion :

De but en blanc, American Nightmare : Élections est un film manichéen, sans surprises et conventionnel dans les grandes lignes. Il ne faut pas s’attendre à un quelconque développement ou à une mise en scène qui fasse dans la subtilité. On en est loin, à l’image de sa réalisation également loin d’être belle et réussie. Le nombre de « beaux » plans se compte sur les doigts d’une main. Néanmoins, American Nightmare : Élections n’est en aucun cas un mauvais film. Série b divertissante grâce à un rythme soutenu et à un enchaînement d’action, tout en conservant un même et seul point de vue dès le lancement de la purge, ce qui permet une meilleure immersion dans l’action de la part du spectateur. Contrairement à ses aînés, ce troisième opus prend parti et décide d’user de son concept afin de dénoncer et de faire un rapprochement entre la réalité et la fiction. Dénoncer la bêtise de certains groupes et personnages politiques américains, ainsi que le lobbying des armes à feu aux États-Unis. Des idées scénaristiques intéressantes, permettant de soulever des questions même si l’on aurait aimé avoir un développement mieux construit et établit. Tout y est généralisé et dépourvu de recherche. Les facilités et raccourcis scénaristiques sont nombreux. American Nightmare : Élections reste avant tout une série b de divertissement où l’action est primordiale, laissant en arrière plan ce qui pourrait entacher l’action ou le rythme du film. Même si convenable dans son ensemble et ponctué de bonnes intentions, il ne nous marquera pas plus que ça et l’on ne cessera jamais de dire que le concept de la purge peut permettre à la création d’un film hors normes si les scénaristes/producteurs s’en donnent les moyens. Film que l’on ne verra sans doute jamais, malheureusement.

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