CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

50 Nuances plus Sombres réalisé par James Foley [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « C’est un Christian blessé qui tente de reconquérir Anastasia. Cette dernière exige un nouveau contrat avant de lui laisser une seconde chance. Mais une ombre surgit du passé de Christian et plane sur les deux amants, déterminée à détruire un quelconque espoir de vie commune. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Le synopsis à lui seul vous fait comprendre que vous allez passer un mauvais moment. Comment but-on un seul instant croire en celui-ci ? Est-ce de mon plein gré (sans aucun jeu de mots bien entendu) que je me suis rendu en salle pour découvrir les 50 Nuances plus Sombres de Monsieur Grey ? La réponse est oui ! Après avoir découvert il y a deux ans, le premier volet indigent, mauvais et pathétique (au point que certains passages en devenaient drôles), le changement de réalisateur m’intriguait. James Foley est le réalisateur de Comme un chien enragé ou encore Glengarry et même d’épisodes d’House of Cards… bon c’est aussi Who’s that girl ? (sympathique pochade avec Madonna).

On était donc en droit d’en attendre un film plus musclé, sulfureux, voire nerveux. Eh bien non ! L’image soignée (idéale pour un téléfilm de télévision) ne sauve rien. Les ficelles sont grosses (et sans jeu de mot SM pour une fois), le scénario essaye de ménager un suspense balourd et inintéressant. Les enjeux sont aussi épais qu’un film de cigarettes et tout est prévisible. Vous me direz que ce sont les aventures érotico-coquines de Monsieur Grey et Mademoiselle Steele dont il n’y a pas grand-chose à attendre, mais… mais voilà, on peut parfois espérer que le film puisse être meilleur. On peut espérer que le scénario modifie une trajectoire annoncée depuis la première partie. Et hélas : non ! Le plus horripilant dans cette suite n’est pas le fait que l’histoire soit mauvaise, ce sont les sous-entendus. Encore plus frappant (sans jeu de mots également) que lors du premier volet, le rapport dominant dominé ne s’inverse pas : la femme reste un objet pour Christian même s’il veut changer pour Anastasia. La place de la femme reste la même : « Pourquoi irais-tu travailler puisque tu as un petit ami riche et célèbre ? » Ou encore : « Pourquoi sortir quand tu peux rester à la maison à m’attendre ? » Et les précédentes conquêtes ne sont pas en reste : domination, frustration, manipulation pour empêcher le duo d’être enfin heureux. Mais comme tout est prévisible, on se dit qu’ils vont aussi s’en rendre compte. Il leur faut quoi pour enfin comprendre ? Une bonne fessée ? Ah là, oui, il y a un jeu de mots.

Anastasia et Christian cherchent-ils la sortie de cette suite indigente ?

50 Nuances plus Sombres est tout ce que l’on peut détester dans le cinéma. Une histoire d’amour érotico-coquine qui ne l’est pas. Les scènes de sexe fades, car c’est bien le terme plus que des scènes d’amour, s’enfilent comme des moments obligatoires du récit. Et avec le rythme d’un métronome bien calibré : toutes les 20 minutes environ. Et cette fois, on repousse les frontières de l’érotisation vers un porno soft loin d’être stylisé et outrageusement vulgaire. Pourquoi ? Parce que les enjeux sont flous entre Anastasia et Christian. On ne sait ce qu’elle recherche véritablement. À part finalement être l’objet de Monsieur Grey car c’est bien là l’image qui en ressort. En voulant s’imposer, Anastasia n’en reste pas moins une femme soumise aux désirs brutaux d’un compagnon qu’elle ne pourra changer. Quant à l’intrigue, tout est prévisible. De la scène d’ouverture sensée justifiée les raisons du comportement de Grey : pathétique. Au final où les méchants enfin dévoilés et posés seront les enjeux du troisième et dernier volet. À savoir un ex-patron sadique qui a voulu abuser d’Anastasia et la découverte de « la fameuse » : Mrs. Robinson, interprétée par Kim Basinger qui en deux scènes rappellent qu’elle fut aussi manipulée par Mickey Rourke dans 9 semaines 1/2… dont les nuances plus sombres n’en sont qu’une très pâle copie.

Reste au final un sentiment de gâchis complet : l’interprétation est fade et sans intérêt, Dakota Johnson a un jeu digne d’un petit animal perdu. Et pourtant dans d’autres films, elle peut être meilleure. Et était-ce obligé le clin d’œil à sa mère dans une scène rappelant la dernière scène de Working Girl ? Quant à Jamie Dornan, il n’est aucunement crédible en homme blessé durant sa jeunesse. Il est quand même le héros flippant de la série The Killing ! Ici, il s’ennuie vraiment. Cela se ressent dans chaque scène : il ne cherche même pas à cabotiner. Enfin, la débauche de luxe, de belles toilettes, de paysages, tous plus beaux les uns que les autres, est horripilante. Il est clair que pour le prix d’un film comme celui-là, on pourrait avoir 3 films hollywoodiens bien plus intéressants. Mais les studios ont parfois des règles qu’il faut respecter. Je terminerai avec quelques petites remarques : en V.O, l’échange des textos apparait directement en français sur leur écran. Ah cette technologie qui traduit instantanément les lettres touchées en anglais par les acteurs ! La scène du crash de l’hélicoptère (oui un drame va se jouer !) est incompréhensible : résolution totalement idiote et enjeux inexistants. Et puis surtout, si cette suite est plus sombre, on est en droit de se demander ce que sera le final plus clair. Honnêtement, il n’y a guère de changement par rapport au premier volet. À part un rapport de domination qui s’enracine clairement.

Reste pour vous chère lectrice et cher lecteur une question : pourquoi m’être infligé cela pendant 2 heures ? Loin de moi le plaisir coupable de démonter et démolir le film. J’avais déjà dit tout le « bien » que je pensais du premier opus qui n’assumait pas son côté sexy et coquin au profit de scènes fades et sans intérêt. Loin de moi l’idée du pari stupide avec toute la rédaction de CinéCinéphile : j’ai tiré la courte paille. Non j’étais volontaire. En fait, je pensais peut-être que cette suite annoncée plus sombre aurait des enjeux psychologiques intéressants. Des ressorts qui auraient emmené ces nuances vers le thriller psychologique certes érotique, mais avec un fond réel. Las, c’est juste un téléfilm de plus qui vous fera perdre de l’argent. Un film dont les premiers dialogues sont : « j’accepte ton invitation au restaurant, non parce que je veux être avec toi, mais parce que j’ai faim ! ». Dès le début, les enjeux sont clairement définis : les répliques sont ridicules entraînant le rire du spectateur aux dépens des interprètes. 50 Nuances plus Sombres où comment prendre une belle fessée bien cherchée, cela s’appelle du sadomasochisme. Un film polisse à défaut d’être polisson !

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