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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

18 Regali, un cadeau italien surprenant


Synopsis : « Une femme enceinte en phase terminale d’un cancer laisse à sa fille à naître 18 petits cadeaux qu’elle recevra à chaque anniversaire avant d’atteindre l’âge adulte. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Il va falloir expliquer qui est la personne en charge de l’écriture des synopsis des films proposés sur Netflix ? Si vous vous arrêtez au seul petit résumé écrit plus haut, l’histoire donne l’impression d’une guimauve larmoyante, bien en-deçà de ce qu’elle est réellement : une rencontre surprenante. Aussi pour ajouter un petit suspense au film, sachez juste qu’Anna ne supporte plus les cadeaux que sa mère lui a préparé pour chacun de ses anniversaires et que le jour de ses 18 ans, renversée par une voiture, elle se retrouve propulsée en 2001, quelques mois avant sa naissance.

Sujet forcément délicat et risqué : comment éviter que le sujet devienne une histoire à faire pleurer à chaudes larmes dans les chaumières ? Comment éviter également que le film devienne une pantalonnade italienne décevante frisant le ridicule ? En jouant sur la dichotomie parfaite entre la mère et la fille : l’une douce et attentionnée (Vittoria Pucini, parfaite en mère battante malgré tout), l’autre imbus d’elle-même et totalement crispante, une ado moderne en quelque sorte (impeccable tête à claques jouée par Benedetta Porcaroli). Et ce qui peut prêter à sourire tant cette différenciation est au départ surjouée, devient essentiel pour comprendre cette relation mère-fille qui se noue sans que la première ne comprenne qu’elle rencontre là sa fille âgée de 18 ans.

La force du film de Francesco Amato est de se baser sur une histoire vraie pour éviter toute surinterpétation et rendre justice cette mère condamnée à donner la vie mais à perdre la sienne. De l’annonce du cancer aux anniversaires de la jeune Anna, le réalisateur ne s’embrasse pas de détails dans son introduction. Il décrit très vite l’absence et le manque que ressent la jeune enfant jusqu’à ce que son père lui annonce l’intolérable vérité. Et chaque anniversaire se transforme en calvaire pour entraîner la mue d’Anna en ado rebelle… au point de s’enfuir le jour de ses 18 ans. Et sur une route trempée, sous l’averse, elle se fait renverser par… sa mère : retournement de situation inattendu.

À ce moment précis, le film entre dans une dimension parallèle pour offrir à Anna la possibilité de connaître sa mère et comprendre ces 18 cadeaux… mais est-ce réel ? Est-on dans un univers parallèle ? Dans un rêve éveillé ? Il faudra attendre les 3/4 du film pour comprendre comment la magie de la rencontre est possible. Pendant ce moment dans le passé, Anna revit avec Elisa encore enceinte : l’annonce du cancer au compagnon, à la famille et aux proches. Et aussi la difficulté d’affronter la mort, la rencontre avec le groupe de paroles hilarant de ces femmes souffrant d’un cancer, l’amitié, l’amour et la volonté de poursuivre et d’avancer malgré tout…

Dans 18 Regali (18 cadeaux en français donc), Francesco Amato réussit le pari d’intéresser continuellement parce qu’Anna va aider sa mère Elisa à choisir les cadeaux pour ses anniversaires : des choix étonnants, en opposition, pour mieux confronter la mère et l’adolescente comme dans toute situation familiale ordinaire. 18 Regali vise juste dans ces disputes entre une mère et sa fille pour mieux saisir la personnalité des deux femmes qui au fond ne sont pas si différentes… autour d’elles gravitent des personnages hauts en couleur : les parents d’Elisa sans cesse à se disputer, la bonne amie malade également et surtout Alessio, le père paumé qui ne veut se résigner à l’inéluctable, campé avec justesse et ce qu’il faut d’effacement par Edoardo Leo. Dans une scène touchante dans le passé, Alessio demandera à sa fille comment il va s’en sortir, seul… Le film redéfinit la place de chacun dans le couple pour montrer que les souffrances de la grossesse ne sont endurées que par la femme, malgré toute la présence du futur père. Elisa est la force du couple, de ce duo prêt à surmonter tous les obstacles malgré l’inéluctable.

18 Regali n’est pas un film pessimiste bien que la fin reste identique : Elisa meurt, il n’y a pas d’autre issue… mais le changement s’opère chez Anna. En vivant ce passé inédit, elle comprend ou ressent ce qu’a cherché à faire sa mère. Une compréhension marquée par le dernier cadeau « magique » de ses 18 ans. Ce cadeau ultime montre l’attention d’une mère pour offrir enfin l’apaisement d’une fille et la reconnaissance d’un père. Tout en délicatesse, Francesco Amato réussit à poser sa conclusion sans que le spectateur ne soit préparé réellement. D’un sujet terrible et difficile au cinéma, le réalisateur italien crée avant tout un histoire humaine où le spectateur ressortira avec le cœur plus léger et les yeux un peu humides pour les plus sensibles. Francesco Amato, sans cesse sur le fil, ne sombre pas dans la facilité des sanglots continus pour offrir une sortie vers le haut et un avenir radieux… malgré tout !


Disponible sur Netflix

« La force du film de Francesco Amato est de se baser sur une histoire vraie pour éviter toute surinterpétation et rendre justice cette mère condamnée à donner la vie mais à perdre la sienne. »

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